Ciel dégagé sur la dette africaine. Alors que la Zambie et le Ghana sont les deux derniers pays du continent à avoir été mis en défaut de paiement, il y a peu de risques pour qu’un nouveau domino tombe, a déclaré à Bloomberg David Cowan, économiste chez Citigroup.
"Nous avons atteint un point où la menace immédiate de défaut a probablement reculé. Je ne pense pas que quiconque s'attende à un défaut de paiement dans les six prochains mois", explique-t-il ainsi.
Les craintes se sont intensifiées ces derniers mois, dans un contexte de hausse des rendements américains et de ralentissement de la croissance mondiale. L’Afrique doit notamment porter le fardeau du remboursement des euro-obligations, qui devrait culminer à 9 milliards de dollars dus, au cours des deux prochaines années, selon les calculs de Bloomberg. L'Angola et le Kenya se retrouveront en particulier face à des échéances importantes.
Croissance et matières premières
Si le spectre d’un défaut de paiement s’éloigne, c’est en particulier grâce à une croissance intérieure toujours robuste dans plusieurs pays africains. Le Sénégal devrait afficher une augmentation de 8,8% de son PIB en 2024, le Kenya culminera à 5,3% et la Zambie à 4,3%, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
Les matières premières font partie intégrante de ces hausses de croissances, en particulier le gaz, dont plusieurs gisements ont été découvert sur le continent récemment. Le secteur minier pourrait également jouer un rôle important dans l’économie verte, l’Afrique possédant d’importantes réserves de cobalt, lithium et nickel, éléments nécessaires à la transition écologique, affirme encore David Cowan.
"Nous pensons également qu’il sera important d’exploiter les découvertes minières existantes et nouvelles. Plusieurs estimations montrent que l'Afrique détient environ 30% des ressources minérales mondiales", explique ainsi l’économiste à Bloomberg.
Plusieurs dirigeants ont déjà appelé les grandes institutions financières à réviser leur évaluation de la dette africaine. Le Président Sud-Africain, Cyril Ramaphosa, avait notamment appelé les agences de notation à se baser sur des "indicateurs économiques fondamentaux plutôt que sur des évaluations subjectives", fin septembre.
Les critères environnementaux devraient aussi être pris en compte pour renégocier la dette des pays africains, fortement éprouvés par les changements climatiques, avait pour sa part déclaré récemment le Président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno.