Les Burkinabè travaillant dans le secteur agricole se verront compenser plus de 50% du coût des engrais grâce au rebond économique attendu au Burkina Faso en 2024, a annoncé Larba Issa Kobyagda, chef de la Direction générale de l’économie et de la planification auprès du ministère burkinabè de l’Économie, des finances et du plan, cité par le quotidien Sidwaya.
Les autorités entendent allouer à cela les dividendes obtenus de la hausse projetée du PIB qui s’élèvera à 6,4% en 2024, contre 4,4% en 2023 et 1,5% en 2022, selon les pronostics du rapport d’octobre du Fonds monétaire international (FMI). Les autorités visent ainsi à soulager les Burkinabè qui subissent l’inflation et les conséquences de la crise sécuritaire et humanitaire depuis plusieurs années, a souligné M.Kobyagda.
"Lorsque vous avez une croissance portée par l'agriculture qui emploie le plus de Burkinabè, naturellement les retombées iront à la majorité de la population. Ce secteur bénéficie d'un accompagnement de l'État, qui est une forme de redistribution directe des richesses", a-t-il expliqué.
Un autre aspect réside dans l'investissement dans "l'un des biens publics le plus essentiel", celui de la sécurité, mais aussi l’éducation et la santé, a ajouté M.Kobyagda.
Les engrais russes bloqués en Europe
Ces derniers temps, le prix des engrais s’est envolé. Depuis 2022, des milliers de tonnes d’intrants russes sont détenus dans des ports européens suite aux sanctions imposées par l’Union européenne à l’encontre la Russie.
En octobre 2022, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait rappelé que la Lettonie, l'Estonie, la Belgique et les Pays-Bas détenaient des intrants russes que la Russie était prête à expédier vers les pays d’Afrique à faible revenu.
Seuls deux pays ont jusqu’ici pu recevoir les lots d’engrais russes conservés en Europe: le Malawi (20.000 tonnes livrées en mars 2023) et le Kenya (34.000 tonnes en mai).
Début août 2023, plusieurs chefs d’État africains ont demandé à l’Onu d’agir concrètement pour acheminer les engrais russes bloqués en Europe vers les pays dans le besoin. Cette action permettrait de reprendre les discussions autour l'Initiative de la mer Noire, de laquelle s’est retirée la Russie le 18 juillet, ainsi que d’assurer l’approvisionnement du continent africain en engrais et céréales.
En juillet, lors du sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine avait annoncé la volonté de la Russie de livrer gratuitement à un certain nombre de pays africains de 25.000 à 50.000 tonnes de céréales dans les mois à venir. Le Burkina Faso, de même que le Zimbabwe, le Mali, la Somalie, la République centrafricaine et l’Érythrée sont concernés.