Afrique en marche

Pourquoi les F-16 américains ne changeront pas la donne en Ukraine? L’avis d’un pilote français

Dans cette nouvelle édition de L’Afrique en marche, l’ex-commandant de bord français à la retraite, Cyrille De Lattre, expose pourquoi tout ce qui est annoncé en terme stratégique sur la livraison de F-16 à l’Ukraine, relève plus du fantasme que de la réalité. En raison du temps de la formation et de l’inadaptabilité du F-16 au terrain ukrainien.
Sputnik
"Contrairement à la propagande occidentale, appuyée par les experts des plateaux de télévisions, les chasseurs-bombardiers américains de type F-16, promis en 2024 et 2025 par la Belgique et le Danemark respectivement à l’Ukraine, après l’autorisation du Président Joe Biden, ne changeront en rien le rapport de force en faveur des ukrainiens face à l’armée russe", affirme à Radio Sputnik Afrique Cyrille De Lattre, commandant de bord français à la retraite.

En tant que PDG de Wilde Geese Aviation (WGA) et spécialiste de la formation de pilotes et de personnels de navigation aérienne, M.De Lattre souligne qu’il "est très difficile de former, en un laps de temps court, des pilotes ukrainiens, habitués aux Su-25, Su-27 et MIG-29 de fabrication soviétique, au pilotage de F-16 comme s’il s’agissait de changer une vielle voiture contre une nouvelle. En effet, il faut sélectionner des pilotes, les envoyer en formation, qui comporte au minimum trois modules: une partie théorique, une partie simulateur et la formation sur l’avion lui-même, s’étalant sur une période minimum standard de 12 à 18 mois".

Et pour cause, poursuit-il, "nous savons déjà que 2 pilotes ukrainiens ont été évalués aux États-Unis au mois de mars 2023. L’objectif était d’observer et d’évaluer les capacités et aptitudes réelles de ces pilotes à voler sur F-16, en vue d’ajuster cette formation à leurs besoins. Le rapport d’évaluation fuite et pointe une grande faiblesse en anglais de ces deux stagiaires, qui sont certes capables de poser en procédure d’urgence le F-16 avec le moteur coupé, voler en basse altitude et réaliser une attaque air/sol, mais cela est loin d’être suffisant pour les envoyer au combat face à des Su-35 et des Su-57 russe, sinon pour effectuer une opération sans aucune chance de rentrer vivant à la base".
Par ailleurs, ce spécialiste de la formation de pilotes note, qu’à en croire le document fuité, "l’US Air Force n’a pas l’intention de former les Ukrainiens sur l’ensemble du domaine de compétence du F-16, d’assurer une formation de défense air/air et de ravitaillement en vol, sans quoi cet aéronef ne peut pas être utilisé sur des vecteurs d’action long, à moins d’envoyer ces jeunes gens au casse-pipe face aux défenses antiaériennes russes, dont tout le monde connait la performance".

Enfin, Cyrile De Lattre indique que "le F-16 est un avion fragile, qui est fait pour être opéré à partir de pistes propres. Il ne faut pas compter le faire décoller d’une autoroute sans que celle-ci ait été nettoyée avant, ou d’une piste non préparée. Et pour cause, le F-16 a une entrée d’air relativement basse, et lors de la mise en puissance pour le décollage, l’ingestion de débris, même petits, peut avoir des conséquences dramatiques sur le réacteur, en de la nécessité de pistes de 2500 mètres, dont les aérodromes de l’Ukraine ne disposent pas".

- Dans cette édition vous écouterez également le politologue marocain, Abdelhak Najib, sur le risque de propagation de la crise humanitaire au Proche-Orient vers l’Afrique du Nord.
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