La compagnie aérienne marocaine Royal Air Maroc (RAM) a décidé de ne plus utiliser la langue française à bord de ses avions, a annoncé le portail d’informations Tunisie Numérique. Pour donner les instructions aux passagers, le personnel de la RAM utilisera désormais uniquement les langues arabe et anglaise, a précisé le site.
Les relations entre les deux pays n’ont jamais traversé une crise aussi grave, sont unanimes les médias locaux. Ces derniers considèrent ce boycott de la compagnie aérienne comme un acte symbolique étant donné la place privilégiée du français dans l’éducation au Maroc et les liens profonds et de longue date reliant les milieux d’affaire des deux pays.
La décision de la RAM est survenue peu après l’expulsion du Royaume de deux journalistes français le 20 septembre. Ils étaient arrivés au Maroc cinq jours plus tôt pour réaliser un reportage sur l’image publique du roi Mohammed VI. Plus tôt, les médias marocains s’étaient tournés contre certains articles de la presse française qui pointaient du doigt le roi, lui reprochant un manque de réactivité lors du séisme du 8 septembre. Pour rappel, Rabat avait refusé l’aide française après ce tremblement de terre.
Origines des tensions entre les deux États
Après la réduction de visas par Paris sous prétexte que Rabat traînait des pieds pour récupérer ses ressortissants indésirables en France, c’était l’affaire d’écoute Pegasus qui avait semé la plus grande discorde dans les relations entre les dirigeants des deux pays.
Pegasus est le nom du logiciel espion israélien accusé d’avoir infiltré le téléphone du Président français. Paris avait ainsi soupçonné Rabat d’avoir épié Emmanuel Macron et les membres de son gouvernement.
Une "maladresse" avait eu lieu lors d’une conversation entre les deux dirigeants au mois de mai, selon Ben Jelloun. Ce dernier est un écrivain franco-marocain qui avait rendu le Président français personnellement responsable de la crise diplomatique entre la France et le Royaume chérifien l’accusant d’avoir manqué de respect au roi du Maroc. Par cette démarche, Emmanuel Macron avait supprimé des mécanismes et contacts mis en place à l’époque des Présidents français Jacques Chirac, François Mitterrand et Nicolas Sarkozy, selon l’écrivain. Ceux-ci permettaient "d’arrondir éventuellement les angles ou dissiper les malentendus", tandis qu’aujourd’hui, "le fossé était très grand entre les deux chefs d’État", estimait-t-il.
Affaire Pegasus
L’affaire d’écoute Pegasus remonte à la fin 2021 lorsque les services secrets marocains avaient été accusés d’avoir utilisé le logiciel israélien Pegasus pour espionner des officiels français, dont le Président Macron.
Le 19 janvier dernier, le roi du Maroc a rappelé son ambassadeur en France, Mohamed Benchaâboun, sans désigner de successeur.