Dialogue de sourds. Alors que le Président ukrainien a tenté de faire bonne figure lors de sa visite aux États-Unis, les tensions s’accumulent entre Washington et Kiev à propos de la contre-offensive, rapporte le New York Times. Le quotidien américain parle même d’un "fossé stratégique" entre les décideurs militaires des deux parties.
Plusieurs responsables américains ne comprennent pas l’entêtement du dirigeant ukrainien à propos de la ville d’Artiomovsk (Bakhmout) et souhaiteraient que Kiev concentre ses troupes "davantage sur le sud".
"Certains responsables américains affirment que le combat à Bakhmout est devenu une sorte d’obsession pour Zelensky et ses chefs militaires. La concentration constante des Ukrainiens sur la ville les a amenés à croire qu'une victoire était imminente, même après que les responsables américains aient conseillé de se déplacer vers d'autres cibles", écrit ainsi le New York Times.
Durant sa tournée américaine, Volodymyr Zelensky a pour sa part rejeté l’idée selon laquelle l’Ukraine n’élaborait pas ses plans, déclarant que ses forces suivaient un "plan global".
Peu d’espoir d’isoler la Crimée
La vision américaine privilégie toujours une pression vers la ville de Melitopol, dans le sud de l’Ukraine. Cette avancée permettrait de bombarder les lignes d’approvisionnement russes vers la Crimée, mais cela s’avère difficile. De nombreux observateurs pensent désormais que l’Ukraine n’arrivera pas à isoler la péninsule en coupant les lignes russes.
"Certains responsables américains ont déclaré que la contre-offensive ukrainienne ne parviendrait probablement pas à atteindre ses objectifs stratégiques consistant à couper ou à rétrécir le pont terrestre entre la Crimée et la frontière russe", explique ainsi le quotidien new-yorkais.
L’arrivée de l’automne devrait par ailleurs rendre difficile la progression des unités ukrainiennes, ralenties par la boue et le terrain meuble. Les responsables américains soulignent que l’armée ukrainienne aura besoin dans les prochaines semaines de reconstituer son stock d’équipements et de reposer ses forces, épuisées par les combats de l’été.
La Russie a pris le contrôle de la ville d’Artiomovsk en mai dernier. L’intensité des combats autour de la ville avait été soulignée par de nombreux observateurs, certains parlant de "hachoir à viande" ou de "chaudron de la mort" pour les forces ukrainiennes, à l’exemple de l’ancien sénateur de Virginie Richard Black. Kiev essaie depuis de reprendre la ville.