La France accumule les échecs en Afrique et cède sa place aux USA, selon le chef d’un parti français

La France perd progressivement son empire en Afrique sur fond de consolidation de l’influence de Washington dans la région, a indiqué à Sputnik Afrique François Asselineau, chef de l’Union populaire républicaine (URP). Il a d’ailleurs épinglé Emmanuel Macron pour avoir tout fait pour que l’Afrique se retourne contre la France.
Sputnik
La France n'a plus vraiment les moyens d'entretenir ou de prétendre avoir comme "chasse gardée" l'Afrique, suite à des échecs majeurs d’Emmanuel Macron, tandis que les États-Unis gagnent du terrain, a déclaré à Sputnik Afrique François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine (URP).
"Les États-Unis se sont taillés une place de plus en plus importante au Niger au détriment en fait de l'influence française, même si dans un premier temps c'était en plein accord. On voit la même chose à Djibouti […].Ça explique d'ailleurs la divergence qu'il y a sur la réaction qui se passe au coup d'État qui vient d'avoir lieu pour le Niger", a-t-il indiqué.
Selon l’homme politique français, "l’une des stratégies des États-Unis en Afrique de l'Ouest c'est progressivement supplanter la France", en éliminant un élément très important, la francophonie, qui est un atout mondial.
"Il y a eu des tentatives permanentes d'essayer de saper la francophonie. On a vu que le Gabon est entré dans le Commonwealth, c'est quand-même absolument incroyable", a-t-il souligné, tout en rappelant les efforts algériens pour diminuer l’utilisation de la langue française dans le pays.

Un coup de force soutenu par Washington?

Dans ce contexte, M.Asselineau n’exclut pas que Washington ait pu laisser faire le coup de force au Niger. Pour lui, cela peut être justifié par la venue discrète à Niamey, afin de discuter de suite avec les militaires au pouvoir, de la numéro deux du département d'État américain Victoria Nuland, sans avoir au préalable informé le gouvernement français.
"Ce qui me laisse penser ça, c'est que le coup d'État a eu lieu le 27 juillet, et le 7 août on a vu Madame Victoria Nuland, c'est-à-dire le numéro deux du département d'État américain, débarquer à Niamey sans tambour ni trompette, sans avoir prévenu le gouvernement français et pour aller discuter tout de suite avec les putschistes", a-t-il expliqué à Sputnik Afrique.
Et d’ajouter que "quand on a des amis comme les États-Unis, on n'a plus besoin d'avoir des ennemis".

Un tournant vers la Russie

De plus, la presse française a eu tendance à utiliser comme d'habitude la Russie comme bouc émissaire de ses malheurs au lieu de se pencher sur les intérêts américains dans la situation au Niger, insiste-t-il. Pour lui, objectivement, Washington s’est immiscé en fin stratège.
"Loin de soutenir la France, loin de soutenir les propos d'ailleurs délirants de Macron, loin de soutenir le bellicisme de Macron et d'une partie des membres de la CEDEAO, les États-Unis ont plutôt joué profil bas et ont plutôt joué la carte de l'entente avec les putschistes, ce qui renforce en fait actuellement leur main au détriment de la France", a-t-il dit.
Avant d’ajouter qu'il y a en effet une volonté russe de faire une percée en Afrique. Même si la Russie n'a pas forcément beaucoup d'efforts à faire puisque, ce qui se cache quand-même dans tous ces mouvements au Sahel, c'est un rejet de la présence française, de l'impérialisme français, mais aussi derrière un peu de l'impérialisme américain, de l'impérialisme occidental de façon générale.
De ce fait, la Russie est perçue aux yeux des peuples africains comme étant opposée à "unedécadence générale occidentale des mœurs, des contraires aux principes bibliques que d'ailleurs l'Occident a lui-même développé et a apporté en Afrique":
"Je pense que les Américains peuvent se dire qu'il faut vraiment maintenant prendre la place de Paris pour empêcher quand-même les Russes de marquer trop de points, puis les Chinois aussi".

La prise de conscience africaine

Actuellement, en Afrique, et aussi dans beaucoup d'autres régions du monde, il y a une volonté de beaucoup de peuples de se soustraire, voire de mettre un terme à la domination occidentale du monde, note M.Asselineau.
Cela témoigne de cette volonté d'un grand nombre de parties du monde, tout spécialement en Afrique de se défaire de cet impérialisme occidental et en particulier d'un sujet dont on ne parle que très peu dans les médias et qui représente les valeurs contemporaines: culture LGBT, théorie du genre, etc.
"Macron n'a pas compris les évolutions et on ne peut pas traiter avec les pays d’Afrique comme on traitait en 1960. Maintenant ça fait 60 ans après les décolonisations, on a maintenant des Africains dans tous les pays qui ont été éduqués, qui regardent Internet, qui se documentent, qui voient les différents points de vue".

Le flop Macron

Revenant sur la réaction du Président français au coup d’État au Niger et ses menaces de recours à la force si le Président renversé Bazoum n’est pas restitué, il a mis en exergue le caractère irrationnel et déplacé de ses exigences. Une approche qui se distingue de celle de Washington qui semble tisser doucement sa politique dans la région, selon le chef de l’URP.
M.Asselineau a expliqué à Sputnik Afrique que les Américains sont dirigés par des gens qui sont "un tout petit peu moins siphonnés, un peu moins cinglés" que le Président français Emmanuel Macron. Les troupes américaines ne veulent pas être mêlées à une éventuelle initiative militaire "délirante que prendrait Macron s'il voulait intervenir militairement en faveur de Bazoum".
"Il n'y a pas d'exercices militaires russes sur le territoire du Niger, en revanche, et des exercices militaires américains sur le territoire du Niger. Donc Macron est terriblement isolé […]. C'est vraiment, vraiment un échec de Macron, plus encore que de la France".
Selon lui, le dirigeant français a tout fait et tout ce qu’il fait se retourne contre la France.

"Macron, en refusant de retirer ses troupes [du Niger], commet une erreur fondamentale parce qu'il se lance dans une partie de bras de fer dont malheureusement, sans calcul sur les coups suivants".

C’est une décision prise par le Président Macron, sans l’avis du concerné et de son ministre de tutelle, conclut-il.

Cette politique vient, selon François Asselineau, de la conviction du Président français, selon laquelle "les peuples ne sont là que pour obéir en fait, et être manipulés. Et c'est parce que c'est ce travers d'esprit ahurissant quand on y réfléchit de la part du chef d'État français qui prétend donner des leçons de démocratie à la planète entière, c'est ce travers-là qui fait que pour lui, les manifestations à Niamey de soutien [aux militaires] n'existent pas".

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