Tout dirigeant qui décide d’améliorer les conditions de vie de son peuple est considéré par l’Occident comme sapant les intérêts de ce dernier, a déclaré à Sputnik Afrique la militante panafricaniste Nathalie Yamb.
"Parce que travailler pour son peuple dans le monde actuel, ça signifie travailler contre l'intérêt des Occidentaux", a-t-elle indiqué.
Selon la panafricaniste, quand l'Occident célèbre un Africain, il faut savoir qu'il travaille pour eux et qu'il ne travaille pas pour les autres Africains.
"Donc, chaque fois que vous entendez les Occidentaux vanter tel homme politique, vanter tel ou tel Président, vanter telle personne, faites très attention: prenez du recul et méfiez-vous", a-t-elle souligné.
Un soutien éphémère
Mme Yamb estime que le soutien des Occidentaux est volatile. Pour soutenir son propos, elle cite le cas de la chute récente de l’ex-Président gabonais Ali Bongo, qui n’étant plus "un pion sûr" des Occidentaux, a été lâché par ses maîtres.
"Ali Bongo n'était plus ce que les Américains appellent un ‘asset’ [un atout, en anglais, ndlr], ce n'était plus quelque chose qui leur permettait d'arriver là où ils voulaient. On parle des Américains, mais il y a aussi les Français, naturellement, qui sont eux-mêmes les esclaves des Américains. Donc quand on parle des Américains, on parle de tout le monde. Et donc, c'est pitoyable […]. Car le cas Bongo nous montre qu'il n'y a rien de plus volatile que le soutien des Occidentaux. Il n'est pas caractérisé par la loyauté".
Selon elle, il s’agit d’un "valet d'un système qu'on a utilisé, qui s'est affaibli, qui n'est plus d'aucune utilité et que ses propres créateurs sacrifient comme un va-nu-pieds sur l'échiquier pour pouvoir rester dans le jeu".
La loyauté, pour Mme Yamb, c’est lorsque le Président syrien Bachar al-Assad, bien que malmené par l'Occident, a continué d'être soutenu par ses alliés avec lesquels il a une relation qui est mutuellement bénéfique.
Flambée de violences après le retrait des Français
Lorsque la France est chassée par un pays africain, il y a une "fâcheuse tendance à avoir une démultiplication des violences et des attaques terroristes", précise Mme Yamb.
"Chaque fois que vous chassez l'armée française ou un ambassadeur français, paf! Dans la foulée, il y a plus d'attaques terroristes au Mali, au Burkina Faso ou même au Niger, là, maintenant. Donc, on connaît le mode opératoire de la puissance française lorsqu'elle doit se retirer la queue entre les jambes".
Redoubler d’efforts
La fin de la présence française est ainsi souvent associée à des périodes difficiles à traverser, raison pour laquelle les Nigériens feraient mieux d’accepter l’aide de leurs alliés dans la sous-région:
"Beaucoup de gens pensent qu’il suffit de chasser la France et tout va aller bien. Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe. Il y a une longue période d'efforts, il y a une longue période de violence aussi qui est à anticiper. Mais c'est un processus et l'essentiel, c'est vraiment de s'engager dans la bonne direction et d'avoir le soutien du peuple, le soutien de tous, pour encaisser l'impact et puis pour commencer à distribuer les coups et à construire quelque chose de viable sur la durée", a-t-elle conclu.