"La tension est vive" depuis le meurtre du soldat tchadien par un infirmier militaire français dans la ville de Faya-Largeau, a indiqué auprès de Sputnik le politologue tchadien Evariste Ngarlem Toldé.
Selon lui, "la nouvelle s’est répandue et la population est sortie pour manifester sa colère dans la ville de Faya", où le Tchadien a été tué à bout portant suite à une altercation avec un infirmier militaire français.
En effet, plusieurs personnes sont descendues dans les rues pour protester contre le meurtre de leur compatriote.
"La manifestation était vraiment violente, c’est ce que le conseiller a dit. […] L’armée tchadienne est intervenue pour disperser les manifestants en tirant d’abord des tirs de sommation, mais même s’il y a eu des tirs réels, on n’a pas encore entendu le nombre des blessés ou des morts", a-t-il précisé.
Le général Ali Maïd Kebir, gouverneur de la région du Borkou dont Faya-Largeau est le chef-lieu, a défendu auprès de l’AFP l’idée que l’infirmier français se défendait et qu’il s’agissait d’un acte isolé. Selon lui, le militaire tchadien "n’était pas dans un état normal". Celui-ci s'est rendu pour un pansement dans la base militaire de l'armée française et a ensuite blessé un infirmier militaire français avec un scalpel.
"Un sentiment anti-français"
Le politologue tchadien a pointé du doigt "un sentiment anti-français qui est en train de se dessiner à Faya-Largeau". Et de déployer:
"Des représentants locaux […] ont élevé la voix pour demander déjà le départ de l’armée française car ils ne comprennent pas qu’[elle] puisse tuer un Tchadien sur le territoire tchadien et que l’armée tchadienne puisse se mettre du côté de l’armée française. C’est la déclaration d’un conseiller".
Selon lui, la population a commencé à brandir un certain nombre de banderoles pour demander le départ des Français du territoire, telles que: "France, dégage!" ou "France, nous ne voulons pas de toi".
La présence française n’apporte rien
Les troupes françaises sont présentes depuis quarantaine d’années au Tchad et notamment dans le nord à Faya-Largeau. Or, "les habitants de cette région trouvent que ça n’aide pas trop", a observé l’expert.
"Ils n’ont pas vu une évolution notable de leurs conditions de vie, ni […] de la situation sociale ou des structures scolaires ou sanitaires. Ils estiment donc que la France est en train de ne rien faire et de tuer les Tchadiens pour rien", a-t-il expliqué.
D’après le politologue, ce qu’"on craint aujourd’hui, c’est que le sentiment anti-militaire français […] puisse se développer au Tchad et […] comme une traînée de poudre, se propager au reste du pays".