Sommet des BRICS 2023 en Afrique du Sud

Quelles sont les attentes du sommet des BRICS? Une économiste algérienne se prononce

Plusieurs sujets brûlants seront d’actualité au sommet des BRICS qui aura lieu les 22-24 août en Afrique du Sud. Parmi ceux-ci figurent l’élargissement du groupe des cinq qui permettra de résoudre de nombreux problèmes dont ceux de l’influence occidentale et de l’inégalité, a estimé à Sputnik Afrique Souhila Berrahou, docteur en économie d’Alger.
Sputnik
L’élargissement des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) est l’un des thèmes centraux qui seront débattus lors du sommet de l’organisation qui se tiendra du 22 au 24 août à Johannesburg. Cette expansion donnera au groupe des cinq beaucoup plus de poids sur la scène internationale pour pouvoir diluer l'influence de l'Occident dans le monde économique et diplomatique, a déclaré à Sputnik Afrique Dr Souhila Berrahou, docteur en économie et chercheuse en relations internationales de l'École nationale des sciences politiques à Alger.
"Le groupe des BRICS se constitue est un poids démographique […], c'est un poids financier, un poids technologique, un poids diplomatique aussi. Ces pays possèdent une forte croissance économique […]. Tous ces atouts économiques ont favorisé la volonté d'adhésion à d'autres pays aussi importants économiquement et diplomatiquement à rejoindre ce groupe. Quel avantage pour ces pays-là? L'Union fait la force et le rapport de force de Bretton Woods dans des institutions n'est plus d'actualité", a-t-elle indiqué.
Selon elle, l’Algérie figure aussi parmi les pays aspirant à rejoindre les BRICS puisqu’elle compte pouvoir accéder à de nouveaux marchés et nouer de nouveaux partenariats gagnant-gagnant.
"Dans l'optique et la volonté de diversifier son économie, l'Algérie espère de tout cœur rejoindre les BRICS pour pouvoir s'ouvrir vers de nouveaux marchés, en l'occurrence le marché africain qui a besoin d'être structuré avec de nouveaux outils, de nouveaux investissements et de nouveaux partenariats gagnant-gagnant. C'est aussi le cas pour les autres pays qui désirent rejoindre les BRICS", a noté l’économiste.
Le renforcement des monnaies locales au sein du bloc et le développement d’un système de paiement commun devraient aussi être parmi les dossiers clés du prochain sommet des BRICS devraient être.

Renforcer les monnaies locales pour se libérer du dollar

Fin juillet, lors de la session plénière du Forum économique et humanitaire Russie-Afrique, la patronne de la Nouvelle banque de développement des BRICS Dilma Rousseff, a déclaré qu’elle aimerait utiliser davantage les monnaies nationales dans les règlements pour renforcer les marchés de ses pays membres.
Mme Berrahou espère que les BRICS mettront sur pied une stratégie pour renforcer les monnaies locales des pays membres.
"Le dollar a toujours été une monnaie d'échange très forte […]. Cet atout économique, qui est l'un des principaux déterminants de la puissance américaine et des pays anglo-saxons, a permis aux États-Unis et à leurs alliés de renforcer leur poids économique, diplomatique, militaire et technologique dans le monde entier […]. Pour l'Afrique sortir de cette monnaie d'échange signifie sortir de ce monopole ou de cette dictature économique", estime l’experte.
Cette émancipation permettra aux pays d’Afrique "de définir leur propre choix en ce qui concerne des projets d'investissements en Afrique d'une part, d'autre part, de rééquilibrer la monnaie, la valeur des monnaies locales en Afrique".

Créer une monnaie unique pour l’égalité

La question d’une monnaie alternative est abordée non seulement au sein des BRICS, mais aussi par d’autres organisations internationales. Pour M.Berrahou, "soigner les inégalités dans les pays" revient à trouver une solution à la valeur de la monnaie. "Tant que les échanges se feront en dollars entre les pays pauvres et les pays riches, le niveau des inégalités, de pauvreté ne sera jamais réduit."
C’est pourquoi, il sera primordial pour les BRICS de créer d'une monnaie unique pour un échange équitable avec les pays africains, selon elle.
Cette monnaie "n'affectera plus les économies africaines et réduira l'inflation, qui a impacté les pouvoir d'achat des populations en Afrique", a-t-elle noté.

Les BRICS est la meilleure option

Selon elle, la banque des BRICS qui existe depuis 2014 avec un capital de plus de 100 milliards de dollars, a pour but de financer des projets de développement et d'investissement pour les pays membres et pour les pays émergents. Par rapport au FMI, les crédits octroyés par cette banque n'exigent pas de réformes structurelles aux pays demandeurs de crédits. Car ces emprunts vont aux projets de développement et d’infrastructure pour les pays membres et d'autres pays demandeurs d'emprunts.
"On a vu beaucoup d'exemples de pays bénéficiant d'emprunt de cette banque qui ont pu installer des projets d'investissements et aussi des infrastructures dans leur pays, dévastés par les crises économiques subies auparavant. Prenons l'exemple de de l'Éthiopie qui était un pays qui a changé d'un extrême à un autre, qui était un pays qui criait famine. Maintenant, c'était un pays de manufacture, un pays qui a croissance, qui a atteint une croissance de 9% par année, ce qui est ce que je qualifie aussi de miracle pour un pays qui agonisait sur tous les plans. Donc rejoindre les BRICS, c'est une chance inouïe à ne pas rater aussi bien pour les Africains que pour le reste du monde", a-t-elle conclu.
Le XVe sommet des BRICS aura lieu du 22 au 24 août à Johannesburg. L’Afrique du Sud assure la présidence tournante des BRICS en 2023.
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