Les autorités turques mettent sur la table trois scénarios sur la façon dont la situation autour de l'accord sur les céréales, bloqué depuis juillet, pourrait évoluer, a relaté ce 18 août le journal pro-gouvernemental turc Yeni Safak.
Primo, aucune issue ne sera trouvée à la situation actuelle, ce qui conduira certainement à une "aggravation de la crise alimentaire". Ce scénario ne serait favorable ni aux États-Unis, ni à la Russie, ni à l'Ukraine. Il déclencherait une crise alimentaire et fermerait les canaux de dialogue entre les parties, estime le journal. Moscou s'éloignerait de l'objectif d'assouplissement des sanctions et Kiev perdrait ses revenus céréaliers. "Cela pourrait provoquer une montée des tensions et des conflits militaires", poursuit le média.
Secundo, il est possible de créer une route alternative par "des actions unilatérales et sur la base d'accords bilatéraux". Les produits agricoles ukrainiens pourraient, par exemple, être transportés via le Danube ou par voie terrestre.
"Les chemins de fer lettons affirment pouvoir transporter un million de tonnes de céréales ukrainiennes par an. Comparés aux 32 millions de tonnes de céréales qui passent par le Bosphore, ces projets ne sont rien", note le Yeni Safak. Ce scénario ne fera qu’aggraver les tensions militaires, d’après le journal.
Et tertio, le corridor céréalier de la mer Noire recommencera à fonctionner sous sa forme précédente après que "certaines des préoccupations de la Russie auront été prises en compte". Pour le journal turc, c’est "la seule option qui bénéficierait à toutes les parties". Elle permettrait d’éviter une crise alimentaire mondiale, et donnerait "une chance à la diplomatie en rassemblant les parties belligérantes autour d’un projet".
Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan prévoit d’examiner les résultats des discussions sur ces trois scénarios avec ses homologues russe et ukrainien, Sergueï Lavrov et Dmytro Kouleba, "avant que le Président Erdogan ne rencontre le dirigeant russe Poutine", précise le journal.
La fin de L’Initiative de la mer Noire
Le 17 juillet, Moscou avait fait part à Ankara, Kiev et l’Onu de sa non volonté de reconduire une nouvelle fois l'accord sur les céréales de la mer Noire, qui avait été prolongé à trois reprises en novembre 2022 puis en mars et mai 2023.
L’Initiative de la mer Noire avait initialement été conclue pour 120 jours suite aux accords d'Istanbul en juillet 2022 pour garantir l'exportation en toute sécurité des céréales ukrainiennes via la mer Noire ainsi que la levée des restrictions pour permettre l'exportation de produits agricoles et d'engrais russes.
Le 19 juillet, le Président russe Vladimir Poutine avait décrié l’arrogance avec laquelle les conditions russes de cet accord n’avaient pas été respectées.
À partir du 20 juillet, tous navires circulant dans la mer Noire en direction des ports ukrainiens sont pris pour des possibles transporteurs de frets militaires, selon la Défense russe.