Vendredi, les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) ont "défini les contours d'une "éventuelle intervention militaire" contre les militaires nigériens, selon un responsable de l'organisation régionale.
Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué appuyer "avec fermeté et détermination" les efforts de la CEDEAO pour faire échouer la tentative de putsch. "Il en va de l'avenir du Niger et de la stabilité de toute la région".
"Tous les éléments d'une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force", a déclaré le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, à l'issue d'une réunion à Abuja.
Ultimatum de l'institution
Lors d'un sommet extraordinaire ad hoc convoqué ce dimanche à Abuja, la CEDEAO a publié un communiqué qui déclare ainsi de fait un blocus économique et logistique du Niger. Les auteurs du coup d'État ont désormais une semaine pour faire retourner au pouvoir le Président déchu, et par la suite, "toutes les mesures", y compris militaires, pourront être prise contre eux.
Au Niger, des manifestations de soutien aux militaires ont eu lieu à travers tout le pays vendredi et samedi, au cours desquelles drapeau nigérien et russe, portraits des auteurs du coup d'Etat étaient très visibles, selon la TV nationale et des journalistes locaux.
Plusieurs armées ouest-africaines, dont le Sénégal, se sont dites prêtes à envoyer des soldats. Une source proche de la délégation ivoirienne à Abuja a également évoqué un envoi de forces armées, sans préciser le nombre éventuel d'hommes mobilisés.
La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a affirmé samedi matin sur France Info qu'il fallait "prendre très au sérieux la menace de recours à une intervention" de la CEDEAO. Dans une autre interview à RFI, elle a estimé qu'avec le Niger, il s'agissait du "coup d'Etat de trop", après ceux ces dernières années du Mali et du Burkina Faso.
Au Nigeria également, des voix se font entendre contre une intervention.
"Les victimes seront des citoyens innocents qui vaquent à leurs occupations quotidiennes", a déclaré le Forum des sénateurs du nord dans un communiqué signé par son porte-parole, Suleiman Kawu Sumaila, ajoutant que les habitants du nord du pays, seraient "affectés négativement".
"Nous refusons catégoriquement toute intervention militaire", a également réagi le président algérien Abdelmadjid Tebboune, assurant qu'une intervention militaire au Niger serait "une menace directe pour l'Algérie".
"Deux pays (le Mali et le Burkina Faso) sont prêts à entrer dans la bataille", a-t-il rappelé lors d'une interview télévisée, prévenant que dans le cas d'une intervention militaire "tout le Sahel s'embrasera".
Les militaires au pouvoir ont de leur côté promis une "riposte immédiate" à "toute agression".
Plusieurs chancelleries occidentales ont également prôné le dialogue, notamment l'Allemagne qui a appelé à poursuivre les "efforts de médiation".