L’Inde met le paquet sur la roupie. En vue d’internationaliser sa devise, le pays songe à développer une alternative au système d'échanges interbancaires SWIFT, rapporte The Economic Times. Une commission d’experts devrait présenter ses résultats sur le sujet prochainement. La State Bank of India (SBI) et la Bank of Baroda, deux des plus gros établissements bancaires d’Inde participent notamment aux discussions.
La création d’un SWIFT indien permettrait d’"accroître le rôle de la monnaie indienne dans le système financier mondial", souligne notamment The Economic Times. L’Inde pousse en effet à une utilisation accrue de la roupie, cherchant à en faire une devise de premier plan, au même titre que le yuan ou le dollar.
L’Inde fait un pas de côté
Membre des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), l’Inde cherche à s’éloigner de certains standards occidentaux pour faire émerger un monde plus multipolaire. Le pays est notamment en pointe sur la question des échanges en monnaies nationales. New Delhi a ainsi proposé à plusieurs pays d’Afrique de passer par la roupie plutôt que par le dollar pour leur commerce bilatéral.
L’Inde, qui sera la seconde puissance économique mondiale d’ici 2075 selon Goldman Sachs, a d’ailleurs clairement annoncé qu’elle voulait restreindre l’usage du dollar dans sa nouvelle politique de commerce extérieur pour 2023.
Le Président indien s’était aussi montré très critique concernant les institutions internationales en marge d’une réunion préparant le prochain G20 de New Delhi. Il avait ainsi déclaré que la "gouvernance mondiale" avait échoué sur des questions comme le climat, le terrorisme ou les crises financières.
Le système SWIFT avait fait couler beaucoup d’encre en décidant d’exclure les établissements russes de son réseau, en mars 2022. Une mesure digérée par la Russie, mais qui a eu des conséquences dans certains secteurs, comme l’alimentaire. Moscou avait notamment fixé le retour de la Rosselkhozbank dans le SWIFT comme condition à la reprise des discussions sur l’accord céréalier d’Istanbul.
Certains observateurs estiment que d’autres alternatives au SWIFT pourraient s’avérer payantes. Une plateforme pour sécuriser les transferts internationaux pourrait apporter beaucoup aux pays du Golfe, expliquait ainsi récemment à Sputnik Kamal Hamidou, professeur à l'université du Qatar.