Sommet Russie-Afrique 2023

"Porter un message fort au Maghreb", prône cet Algérien après avoir escaladé l’Elbrouz

L'alpiniste algérien Amine Bouhassane, qui a gravi le mont Elbrouz, le plus haut sommet d’Europe, a confié à Sputnik Afrique qu'à travers sa performance, il voulait faire passer un message de paix dans le monde, et plus précisément au Maghreb.
Sputnik
Porter un message très fort, un message de paix au Maghreb, a déclaré le 19 juillet à Sputnik Afrique l'alpiniste algérien Amine Bouhassane, quelques jours après avoir escaladé le mont Elbrouz, plus haut sommet d’Europe, situé dans le Caucase russe.
"Le sommet Elbrouz signifie pour nous, les alpinistes, le plus haut sommet d'Europe. Et la symbolique est très forte parce que, comme vous le savez, moi, je n'atteins pas les sommets uniquement par souci de garder la ligne, mais c'est surtout pour porter un message très fort, un message de paix au Maghreb, la région où je m'épanouis", a indiqué l’alpiniste.

Algérie et Russie, des amies de longue date

M.Bouhassane trouve que le fait d’avoir planté le premier drapeau algérien au sommet du mont russe est un pur hasard, même si "hasard" en arabe veut dire "chance".
"Ces deux nations, depuis longtemps, étaient très proches. Elles n'ont pas attendu 2023 pour se rencontrer et échanger", a-t-il précisé.
Pour lui, les relations entre l'Algérie et la Russie devraient s'inscrire davantage sur les volets culturel, sportif et technologique, et non via l'image de l'armement.
"La Russie et l'Algérie ont beaucoup de sujets sur lesquels elles pourraient s'enrichir mutuellement", a-t-il affirmé.

Sommet Russie-Afrique

L'alpiniste algérien, qui a réalisé son exploit à seulement quelques jours du deuxième sommet Russie-Afrique, lequel aura lieu à Saint-Pétersbourg les 27-28 juillet, a adressé un message aux participants de cet événement majeur. Il pense que tout le monde devrait multiplier les partenariats, prendre la mesure de son potentiel, et avoir le courage d'ouvrir le dialogue, ce qui est, selon lui, la clé d'une vraie ascension collective.
Il a fait un parallélisme entre le sommet russo-africain et le sommet d'une montagne. Pour lui, il faut pouvoir travailler avec les difficultés, avec les différences.
"Lorsque j'essayais de monter, de gravir l’Elbrouz, j'avais le vent de face, il faisait très froid, parfois, on ne voyait pas très loin. Mais je n'allais pas pointer du doigt la montagne, c'était comme ça, c'était un fait, il fallait faire avec. Parce qu'il n'y a que comme ça qu'on pourra dépasser les obstacles. Si à chaque fois, on pointe du doigt son voisin, on n'avancera pas. Si on accepte des désaccords, des différends, mais on se dit que notre volonté commune est de progresser ensemble sur une base de respect mutuel, on pourra réussir. C'est dans cet état d'esprit que j'invite les participants à essayer de gravir ensemble ce très beau Sommet", a-t-il estimé.

La Russie, une grande puissance et un pays chaleureux

Commentant son premier séjour en Russie, M.Bouhassane a avoué à Sputnik qu’il avait "été agréablement surpris" puisque ce qu’il a vu ne correspondait pas "à l’image qu’on peut retrouver dans les médias" occidentaux.
"On peut être en désaccord avec plein de sujets avec la Russie, mais moi c'est pas mon propos. Moi, je ne me mêle pas de politique. Je peux être un trait d'union entre les peuples, je jouerai cette carte avec n'importe quel pays, n'importe quel peuple. Et encore une fois, c'est un pays chargé d'histoire et c'est un pays […] qui aujourd'hui est une puissance. Bien que certains le contestent, c'est une grande puissance".
Pour lui, la Russie est le plus grand pays du monde, dans lequel il y a des particularités à chaque pas, de Saint-Pétersbourg en passant par Moscou jusqu'à Vladivostok.
"Lorsque je fais de la montagne, j'essaie de créer des ponts, des passerelles et non pas de diviser les gens […]. J'ai été agréablement surpris parce que je ressens une vraie chaleur, notamment dans le Caucase, et qui me fait penser à la Méditerranée", note l’alpiniste.

La culture musulmane en Russie

M.Bouhassane a avoué à Sputnik avoir été tout de suite envoûté par la grande chaîne de montagnes du Caucase. Selon lui, peu de gens savent que c'est une région où la culture musulmane est très présente. Et c'est grâce à cela qu'il s'est senti comme à la maison.
"C'est cette culture que je connais bien, que j'apprécie, et ça a facilement créé des ponts. Alors je ne suis pas parti en touriste, j'avais étudié l'histoire et j'ai appris une cinquantaine de mots en russe pour briser la glace. Et cela a marché parce que tout de suite, je me suis senti chez moi".
Reconnaissant avoir noué des liens très forts, il songe à revenir et espère le refaire prochainement.

Les monts du Caucase comparés à la Tanzanie

Le sportif algérien pense qu'il a rencontré plus de difficultés avec la montagne caucasienne qu’avec celle de Tanzanie. Ceci dit, il note qu'il a gravi le plus haut sommet d'Amérique (6.960 mètres d’altitude), qui se trouve en Argentine et est plus haut que le Kilimandjaro et l'Elbrouz.
"Certainement entre l’Elbrouz et le Kilimandjaro, je dirais que l'Elbrouz est beaucoup plus difficile. Mais ça n'enlève en rien à la magie de la Tanzanie, à la difficulté et à toute la grandeur qu'on peut rencontrer en Argentine [...]. Chaque sommet est particulier, mais l’Elbrouz, je vais vous avouer quelque chose, me manque déjà", a-t-il confié.
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