La revendication britannique d’utiliser les chars Challenger-2 avec prudence au cours des combats les rend de facto inutiles pour les forces de Kiev, a estimé un expert indépendant serbe dans un article publié le 7 juillet sur le site InfoBRICS.
Londres exige maintenant des garanties auprès de Kiev que ses équipements ne soient pas détruits ou capturés par l’armée russe, selon Drago Bosnic.
Ainsi, le Royaume-Uni prend le contrôle de la rotation de ses chars sur le territoire de l’Ukraine et demande de respecter certaines précautions liées notamment à leurs dépôts afin d’éviter qu’ils soient endommagés.
"Cela fait de facto les Challenger-2 l’arme la plus gâtée du conflit", estime l’analyste.
Ne pas finir comme les Leopard
Selon lui, Londres craint que ses chars ne suivent le destin des Leopard allemands, considérés comme uns des meilleurs de l’Otan. La même position semble être adoptée par Washington, étant donné que les Abrams américains n’ont pas été non plus remarqués dans les combats en Ukraine.
En plus de cela, les véhicules blindés occidentaux ne conviennent pas aux conditions générales d’exploitation en Ukraine, notamment dans le contexte de l’absence de supériorité aérienne, continue Drago Bosnic. Ils sont trop lourds et ne peuvent pas passer là où les chars russes et ukrainiens plus légers passent sans problème, souligne-t-il.
"Le déploiement de chars occidentaux bien plus lourds, tels que le Challenger 2 (et d’autres blindés de l’Otan), s’est avéré non seulement inutile pour le régime de Kiev du point de vue militaire, mais aussi surtout meurtrier pour d’innombrables Ukrainiens rappelés de force et tués pendant les dernières opérations de contre-offensive contre l’armée russe", conclut l’analyste.
Dans le même temps, cette interdiction de facto d’utiliser les Challengers sauve en réalité la vie des militaires ukrainiens, a-t-il noté avec sarcasme.
Plus tôt, le dirigeant de l’organisation "Nous sommes avec la Russie" Vladimir Rogov s’intéressait au sort des chars britanniques. Selon lui, une fois que ces blindés se retrouvent en première ligne du front, ils seront frappés de même façon que les chars allemands et américains.
La Russie avait déjà envoyé une note aux pays de l'Otan au sujet des livraisons d'armes à l'Ukraine. Les autorités russes ont indiqué à de nombreuses reprises que toute arme étrangère à destination de Kiev était une cible légitime pour la Russie.
Chars occidentaux en Ukraine
La livraison des chars à l’armée ukrainienne a entraîné des débats agités en début d’année. Seize pays ont finalement concédé ou annoncé qu’ils livreraient ce type d’armements à l’Ukraine. L’Allemagne, longtemps réticente, les Pays-Bas et le Danemark ont envoyé une centaine de chars Leopard 1.
Le Royaume-Uni a engagé 14 chars Challenger 2 sur les 200 que compte le pays, promettant de les armer de munitions à l’uranium appauvri, ce qui avait provoqué une polémique.
Les États-Unis ont promis de fournir 31 chars Abrams, tout en admettant qu’ils ne seraient d’aucune utilité en Ukraineet qu’il s’agissait surtout de donner l’exemple pour que Berlin fournissent des Leopard.