L’Algérie, l’Égypte et l’Éthiopie ont récemment déposé leurs demandes d’adhésion aux BRICS. L’entrée de pays africains pourrait apporter plusieurs avantages au groupe des cinq, en modifiant son agenda et son statut global, estime auprès de Sputnik Afrique Ivan Lochkarev, un universitaire russe, expert en études africaines et moyen-orientales à l'université russe des relations internationales MGIMO.
Le marché mondial
En Afrique se trouvent plusieurs pays économiquement développés, par exemple l'Égypte et le Nigeria, "qui peuvent considérablement étendre la portée des BRICS en termes de part du marché mondial", explique M.Lochkarev.
"De plus, l'entrée de certains États musulmans aux BRICS témoignera vraiment de la transition des BRICS vers la position d'un leader de l'ensemble du Sud global", avance l’expert.
La diversité du Sud global
Le groupe des cinq (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) est actuellement "une sorte d'institution qui a réuni des grandes puissances, mais qui est loin de représenter toute la diversité des pays du Sud global", poursuit Ivan Lochkarev.
"Si un pays africain avec une population musulmane importante est intégré, cela indiquera que les BRICS sont en train de devenir une institution représentative en termes de la diversité qui existe dans les pays du Sud, et en général dans le monde", estime-t-il.
Certains candidats africains sont par ailleurs très importants en termes d’efforts diplomatiques ou en termes de leadership régional ou sous-régional, souligne-t-il.
Un agenda transformé
L’entrée de pays africains se traduira d'abord par un élargissement de l'agenda, anticipe l’expert.
Avec des pays africains intégrés à son sein, les BRICS "accorderont plus d'attention aux enjeux de sécurité alimentaire, aux enjeux de politique climatique, et aux enjeux d'une nouvelle compréhension de l'éducation ", développe l’universitaire.
Il rappelle que le développement "ne peut pas seulement signifier la mise en place de nouvelles chaînes logistiques et de production, de nouveaux mécanismes de soutien financier pour des projets spécifiques".
Rester neutre
L’expert ajoute que le format des BRICS est "le plus neutre au maximum de tous les formats possibles dans le contexte international actuel", malgré la rivalité entre la Russie et l'Occident, entre la Chine et les États-Unis.
Par conséquent il est primordial de réfléchir au "maintien du statu quo au sein des BRICS, et ne pas inviter dans ce sens les candidats les plus controversés et les plus intransigeants".
Réduire l'emprise du dollar
Pour Ivan Lochkarev, il est "un peu prématuré" de parler d’une monnaie commune des BRICS, initiative qui fait régulièrement parler d’elle.
Pourtant, dans le contexte actuel, la perspective d’augmentation des règlements en yuans, en roupies et, à l'avenir, en roubles, au sein du groupe, des États amicaux et des partenaires des BRICS est "bien réelle" pour lui.
"L’augmentation des règlements bilatéraux [en monnaies nationales, ndlr] peut vraiment contribuer à ce qu'on appelle la dédollarisation et réduire l'importance du dollar et de l'euro en tant que monnaies de réserve mondiales", estime l’expert.
La réforme de l’Onu
L’élargissement éventuel des BRICS sera discuté au prochain sommet en Afrique du Sud, qui aura lieu à Johannesburg en août.
Un autre volet "ambitieux" qui pourrait être abordé lors de l’événement est la réforme de l’Onu, suggère l’expert. Le bloc pourrait exprimer sa position commune favorable à l’élargissement de la présence africaine au sein de l’Onu, et tout d’abord, dans le Conseil de sécurité des Nations unies.