Les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début de l’Opération militaire spéciale russe en Ukraine ont constitué une nouvelle couche qui s’est ajoutée aux sanctions de 2014, après le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie suite à un référendum d’autodétermination. Beaucoup d’analystes et prévisionnistes économiques, notamment occidentaux, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe dans le futur. Néanmoins, elles se sont avérées fausses, étant donné, de l’aveu même du FMI, car aucun des scénarios avancés ne s’est produit.
"Les prévisions qu'avaient fait les économistes occidentaux étaient, comme toujours, quand il s'agit de la Russie, très pessimistes", affirme à Radio Sputnik Afrique Hélène Clément-Pitiot, économiste française, maitre de conférence à l’université de Cergy-Pantoise et chercheuse au Centre d'étude des modes d'industrialisation (CEMI), partenaire de l’Institut de prévisions de l’économie nationale de l’Académie des sciences russe depuis plus de trente ans.
Et d’expliquer qu’il y a "effectivement une méconnaissance de la réalité de l'économie russe, qui se greffe à des effets de groupe où il est impossible de dire quelque chose qui n'est pas approuvée par la ligne dominante. Donc il y a un certain mimétisme et suivisme, comme on peut le constater chez les experts occidentaux depuis bien longtemps".
Dans le même sens, afin d’étayer son argument, Mme Clément-Pitiot rappelle l’épisode de la crise de 1998 en Russie, quand beaucoup d’économistes "s'attendaient à avoir des résultats catastrophiques. Finalement, l’économie de la Russie a été résiliente, c'est à dire qu'elle avait témoigné d'une capacité à trouver des ressources pour faire ce qu'on appelle des substitutions aux importations. Et là encore, c’est ce à quoi on a assisté dernièrement, c'est ce mécanisme d'adaptabilité, ce pragmatisme russe et cette résilience que l'on avait déjà vu en 2014". "C'est l'idéologie qui surpasse l'analyse économique et la réalité", déplore-t-elle, soulignant qu’on "a eu des prévisions basées sur des croyances, qui ont été diffusées avec la peur de choquer le voisin".
Commentant le souhait d’Emmanuel Macron de se voir inviter au prochain sommet des BRICS, l’interlocutrice de L’Afrique en marche estime avec ironie que le Président français "aimait tellement l’Afrique qu’il ne rate aucune occasion pour s’y rendre". "En France nous sommes habitués à avoir un gouvernement qui dit tout et son contraire. Nous avons l'habitude de ce mode et de cette stratégie de communication de notre gouvernement, qui veut se montrer présent partout, qu'il agit et qu’il bouge. Mais en même temps, nous avons l'idée qu’il s’agit bien d’une forme d'ingénierie sociale en vue d’expliquer aux gens qu'on peut tout en même temps, la chose et son contraire. Ceci brouille les cartes et empêche les gens de réfléchir", résume-t-elle.
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