- Sputnik Afrique, 1920
Sommet des BRICS 2023 en Afrique du Sud
L'Afrique du Sud a accueilli, du 22 au 24 août 2023, le XVe sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Il a été décidé qu'à partir de 2024, six nouveaux membres rejoindront l'organisation: l'Argentine, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Ethiopie, l'Iran et l'Arabie saoudite.

Vrai rapprochement ou "coup de comm’"? Paris doit clarifier sa position sur les BRICS

© AFP 2024 JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGENL'eurodéputé Thierry Mariani
L'eurodéputé Thierry Mariani - Sputnik Afrique, 1920, 20.06.2023
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Emmanuel Macron, qui se verrait bien invité au prochain sommet des BRICS, aurait tout intérêt à clarifier ses intentions vis-à-vis du groupe des cinq, a expliqué à Sputnik l’eurodéputé Thierry Mariani. La parole du Président français est parfois changeante, mais l’idée d’un rapprochement est séduisante, selon l’élu.
La France ne sait plus sur quel pied danser. Alors qu’Emmanuel Macron a confirmé son souhait de se voir invité au prochain sommet des BRICS, Paris se retrouve dans position singulière, tiraillée entre leur bloc occidental et le groupe des cinq, explique à Sputnik l’eurodéputé français Thierry Mariani.
La France est en effet entravée par son appartenance à l’Otan et à l’Union européenne, ce qui rend plus complexe un rapprochement avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), rappelle ainsi l’élu.
"La nature même des BRICS, qui développent une voie originale d'échanges en dehors des institutions gagnées par les influences américaines, semble en contradiction avec les obligations françaises. Membre du commandement intégré de l'Otan, tenue par la politique de solidarité de l'Union européenne sur les questions internationales, la France est entravée dans sa liberté et l'indépendance de sa démarche", explique-t-il ainsi.

Nécessaires clarifications

L’intrigante démarche du Président français a donc soulevé quelques doutes du côté des BRICS, en particulier à Moscou. Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe a notamment demandé à Emmanuel Macron de dévoiler ses intentions, se demandant si le dirigeant français n’agissait pas comme un "cheval de Troie".
Des craintes que comprend Thierry Mariani, qui soupçonne pour sa part un "coup de communication" du chef de l’État. Une manière de redorer un blason diplomatique bien abîmé par la crise ukrainienne.
"Moscou a raison d'exiger une clarification d'Emmanuel Macron: cherche-t-il davantage de libertés en se rendant en Afrique du Sud à l'automne prochain? Ou veut-il simplement faire un coup de communication sur le dos des BRICS? […] S’il s'agit de faire un coup, alors la démarche est insultante pour les BRICS qui représentent plus de 40% de la population du monde", explique ainsi l’élu.
Les explications d’Emmanuel Macron sont d’autant plus nécessaires que le dirigeant n’a pas brillé par sa constance sur le dossier ukrainien. Estimant dans un premier temps que livrer des armes à Kiev ferait de la France un cobelligérant, il avait finalement radicalement changé de position, allant jusqu’à fournir des canons Caesar, rappelle ainsi Thierry Mariani.
La parole du Président français est désormais jugée comme "ambigüe et peu fiable" dans les échanges internationaux, ajoute l’élu.

Piste intéressante

Mais au-delà des manœuvres diplomatiques d’Emmanuel Macron, un rapprochement entre la France et les BRICS à de quoi séduire, estime Thierry Mariani. Cela permettrait à Paris de renouer avec son rôle séculaire de "puissance d’équilibre" et de s’émanciper de la tutelle américaine.
"Au sujet des BRICS, je crois que la participation de la France serait mutuellement intéressante. Le destin de la France, héritière de son histoire millénaire, c'est d'être une puissance d'équilibre et de dialogue dans le monde multipolaire […] La fin de l'hégémonie américaine, et notamment les questions autour du dollar, exigent une mise à jour de la politique étrangère française", affirme-t-il ainsi.
Début avril, Emmanuel Macron avait d’ailleurs montré des signes d’agacement contre le principe d’extraterritorialité lié au dollar. Le Président français avait appelé de ses vœux une "autonomie stratégique européenne" pour que les pays du continent ne se transforment pas en "vassaux" coincés entre Washington et Pékin.
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