Le Zimbabwe vit depuis 20 ans sous le joug de sanctions imposées notamment par les États-Unis. Contrairement à ce qu’affirment les puissances occidentales, ces restrictions ont eu un impact significatif sur l’économie du pays, comme l’explique à Sputnik Martin Zharare, directeur exécutif de CitizensAgainstEconomic Sanctions (CAES).
L'espérance de vie a en particulier chuté et le chômage a fortement augmenté depuis l'imposition des sanctions. Une fuite des cerveaux a également eu lieu, alors que le Zimbabwe avait l’un des meilleurs secteurs éducatifs d’Afrique, affirme le responsable.
"Ils disent qu'il n'y a pas de sanctions au Zimbabwe, ou qu’elles ne visent que quelques personnes, quelques dirigeants. Mais lorsqu’on fait des recherches sérieuses, on découvre qu'il s'agit d’une grave désinformation. Ces sanctions sont économiques, elles pèsent sur notre gouvernement, pèsent sur notre économie et il faut le dire", déclare-t-il ainsi.
Changement de régime
Les sanctions, imposées sous couvert de non-respect des droits de l’Homme, ont en réalité d’autres raisons, estime encore Martin Zharare. Les puissances occidentales ont vu d’un mauvais œil le succès des réformes agraires dans le pays, après la décolonisation.
L’arme des sanctions est également brandie pour tenter d’imposer des changements politiques, affirme l’expert, qui se félicite de la clairvoyance russe et chinoise sur la question.
"Les Américains sont des tyrans. Ils vous diront qu'ils ont imposé des sanctions au Zimbabwe à cause des violations des droits de l'Homme. Mais ce n'est pas la vraie raison […] Ces sanctions sont utilisées pour provoquer un changement de régime par les Américains, les Britanniques, les Australiens, les Canadiens. Seuls les Chinois et les Russes nous soutiennent, qui savent vraiment ce que l'Amérique prépare", déclare-t-il ainsi.
Le monde se réveille
Malgré tout, le Zimbabwe a su faire preuve de résilience au fil des ans, en s'appuyant sur ses ressources internes, mais aussi sur l’appui d’autres puissances comme la Russie, la Chine et le bloc des BRICS, qui ont aidé le pays à surmonter les effets des sanctions occidentales.
Les Zimbabwéens continueront d’œuvrer pour leur développement avec l'aide de partenaires internationaux, affirme Martin Zharare, qui veut croire que le temps de l’hégémonie américaine touche à sa fin.
"Le message le plus important que j'aimerais envoyer à l'Amérique est celui-ci: +Votre temps est écoulé+. Votre temps d'intimidation et de destruction d'autres pays, de destruction de la souveraineté de nos nations est terminé. Le monde se réveille", conclut-il.
Le CAES continue pour sa part de réclamer une levée totale des sanctions. L’organisme avait d’ailleurs organisé une manifestation le 25 octobre devant l’ambassade des États-Unis à Harare, au cours de laquelle plus de 5.000 personnes avaient signé une pétition contre les "sanctions illégales".