La perturbation des chaînes d’approvisionnement en céréales et engrais, conséquence des sanctions antirusses, "exacerbe la situation précaire dans laquelle l'Afrique était déjà plongée", avance auprès de Sputnik Afrique l’ambassadeur du Burundi en Russie.
"Actuellement, certains pays connaissent une famine sans précédent", explique Joseph Nkurunziza, interviewé en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg. De plus, la production des agriculteurs africains est très sensiblement réduite par manque d'engrais, composant essentiel pour assurer le rendement.
"Les impacts ne manquent pas et ils sont multiples", souligne-t-il.
Concernant la position du Burundi vis-à-vis du conflit en Ukraine, à l’origine des sanctions, le diplomate réitère que son État, "en tant que pays indépendant, garde toujours sa position de neutralité". Depuis le déclenchement par Moscou de l’opération militaire en Ukraine en février 2022, le Burundi s'est abstenu de voter les résolutions antirusses à l'Onu. "Aucun pays qui que soit, ne peut imposer quoi faire. Surtout quand il s'agit de ces votes aux Nations unies", selon l’ambassadeur.
Coopération russo-burundaise
Joseph Nkurunziza note la "dynamique positive" dans la coopération militaro-technique entre la Russie et le Burundi, en soulignant que les communications n’ont pas cessé depuis l'indépendance du Burundi, quelle que soit la situation politique.
Il s’agit de la formation des cadres dans les établissements d'enseignement, ainsi que de la livraison d'armement, de matériel militaire et d'autres produits à usage militaire. De plus, la Russie procède à la livraison de pièces ou la remise de pièces de rechange et de matériel spécial de formation militaire.
Les deux pays développent des projets dans d’autres domaines, d’après le diplomate burundais: de la santé, à l'énergie, en passant par l'éducation, la recherche scientifique, le travail, l'emploi, mais aussi dans le domaine de la justice, de la défense et de la sécurité.
Les BRICS et la monnaie panafricaine
Une autre question sensible pour l’Afrique est la facilitation des échanges commerciaux intracontinentaux. Dans cette optique, Joseph Nkurunziza salue la récente initiative du Président kenyan William Ruto de créer une monnaie africaine commune:
"Cette perspective de la création d'une zone de libre-échange entre ce pays d'Afrique, prônée par nos dirigeants africains et surtout de la zone COMESA, est d'une très grande importance dans la recherche d'une autodétermination économique du continent".
L’ambassadeur évoque également le rôle des BRICS dans le monde actuel: "Le Burundi a de très bonnes relations d'amitié et de coopération avec tous les pays qui forment le groupe des BRICS. Chaque pays membre de ce groupe a des relations privilégiées et fructueuses avec le Burundi, raison pour laquelle, dans le futur, il pourra s'intéresser à ce qui est en train d'être fait par ces pays amis".