Les autorités américaines ont lancé un ultimatum au Haut-Karabakh pour le pousser à rencontrer les représentants de l’Azerbaïdjan dans un pays tiers en présence d’un représentant des États-Unis, a appris Sputnik ce jeudi 15 juin Sputnik auprès d'une source diplomatique à Washington.
"Sous une forme d'ultimatum, Washington oblige les représentants du Haut-Karabakh à accepter dans un avenir proche une réunion avec la partie azerbaïdjanaise dans un pays tiers avec la participation d'un agent américain. L'objectif est de permettre aux États-Unis de s'infiltrer dans la région", a indiqué l'interlocuteur de Sputnik.
Selon la source, "si les dirigeants du Karabakh refusent ce contact, ils sont menacés d'une opération antiterroriste azerbaïdjanaise dans la région".
La Russie réagit
Si les informations sur les menaces proférées par les États-Unis à l’encontre du Haut-Karabakh se confirment, cela sapera une nouvelle fois de plus la réputation de Washington en tant que médiateur, a déclaré à Saint-Pétersbourg la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
"Nous sommes vraiment inquiets. Si cela se confirme -et je pense que la partie américaine doit le commenter- je pense qu'ils vont une fois de plus nuire à leur réputation de médiateur", a déclaré Mme Zakharova lors d'un point presse en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF).
Ces derniers temps, les États-Unis s’impliquent activement dans le processus de règlement de la crise entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. En février, une réunion trilatérale s'est tenue à Munich entre le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, et le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Les ministres des Affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan devaient se rencontrer à Washington le 12 juin, mais la réunion a été reportée à la demande de Bakou. Moscou avait qualifié la médiation de l'UE et des États-Unis comme une tentative d’évincer la Russie des négociations, plutôt que de stabiliser la situation dans la région.
Une situation tendue qui perdure
L’Azerbaïdjan et l’Arménie se disputent la région du Haut-Karabakh à majorité arménienne depuis 1988, lorsque ce dernier a proclamé unilatéralement son indépendance par rapport à la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan.
La situation s’est de nouveau aggravée dans la région le 27 septembre 2020, des combats ont éclaté. Le conflit armé a duré au moins six semaines, causant plus de 6.500 morts et a été sanctionné par une défaite de l'armée arménienne.
Le 9 novembre de la même année, après une médiation russe, Bakou et Erevan ont signé un accord de cessez-le-feu qui envisageait le déploiement d’un contingent russe dans la zone de conflit. Erevan a dû céder à Bakou des territoires contrôlés par les indépendantistes arméniens.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont commencé en 2022 à négocier un traité de paix avec la médiation de Moscou, Bruxelles et Washington. Mais la situation reste tendue avec des affrontements frontaliers réguliers.
Après les entretiens de Munich du 18 février, le Président azerbaïdjanais a déclaré que le traité de paix devait être rédigé "sur la base des normes et principes internationaux" et qu'aucune disposition relative au Haut-Karabakh n'était autorisée dans le document. Fin mai, le Premier ministre arménien a déclaré que son pays et l'Azerbaïdjan reconnaissaient mutuellement leur intégrité territoriale à l'intérieur des limites administratives de l’époque soviétique.