Les efforts internationaux de médiation dans le règlement du conflit dans le Haut-Karabakh se sont intensifiés ces derniers mois. Ainsi, le 9 mai, des délégations arménienne et azerbaïdjanaise en ont discuté à Washington après quoi le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est réjoui de "progrès tangibles" entre Bakou et Erevan sans fournir d’autres détails, mais estimant qu'un accord de paix était "en vue".
Après les discussions de Washington, les dirigeants d'Arménie et d'Azerbaïdjan ont mené des pourparlers sous l’égide de Bruxelles le 14 mai. Le Président du Conseil européen Charles Michel a alors fait état de "progrès" dans les pourparlers, appelant à "maintenir l'élan" pour un accord de paix. On ne peut que spéculer sur ces "progrès" compte tenu de la déclaration faite le 22 mai par le Premier ministre arménien. Nicol Pachinian a indiqué que l’Arménie était prête à reconnaître le Haut-Karabakh comme une partie du territoire azerbaïdjanais, à condition que la sécurité des Arméniens de cette région soit garantie au niveau international. Cette déclaration de M.Pachinian a provoqué des manifestations de protestation en Arménie.
Le 25 mai, les dirigeants russe, azerbaïdjanais et arménien ont eu une réunion trilatérale à Moscou. Le Président russe y a souligné l'importance d'avoir un accord sur la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan.
Mikhail Galouzine, vice-ministre russe des Affaires étrangères a estimé le 9 juin que la rencontre du 9 mai à Washington devait être considérée dans le contexte des tentatives américaines d'évincer la Russie de la table des négociations sur ce litige.
"Les États-Unis tentent d'obtenir partout la même chose: d'une part, évincer la Russie, et d'autre part, à leur manière néocoloniale, ils cherchent à soumettre des États indépendants qui sont des partenaires et alliés de la Russie. Ils tentent d’empêcher notre partenariat et alliance avec nos amis et voisins. En fait, c'est là la tâche principale des États-Unis jusqu'à présent", a souligné M.Galouzine sur la chaîne de télévision Rossiya 24.
Moscou n'est en aucun cas opposé à ce que d'autres pays contribuent au règlement du conflit arméno-azerbaïdjanais. Cependant, selon lui, cela doit être une aide non pas en paroles, mais en actes, qui doit être conforme aux accords fondamentaux conclus par Vladimir Poutine, Ilham Aliyev et Nicol Pachinian en novembre 2020. Le diplomate a précisé que ces accords n’avaient pas d’"alternative".
La médiation de Moscou
Pour rappel, à l’automne 2020, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont opposés militairement pendant six semaines pour le contrôle du Haut-Karabakh, région azerbaïdjanaise peuplée en majorité d’Arméniens qui avait proclamé unilatéralement son indépendance il y a 30 ans. Le conflit a fait plus de 6.500 morts et s’est soldé par la déroute de l’armée arménienne. Début novembre de la même année, les deux pays ont signé, sous l’égide de Moscou, un accord de cessez-le-feu qui prévoyait le déploiement d’un contingent russe dans la zone de conflit. Erevan a dû céder à Bakou les territoires contrôlés par les indépendantistes arméniens.
Depuis, Bakou et Erevan négocient un traité de paix, mais la situation reste tendue avec des affrontements frontaliers réguliers.