Le Maroc réexporterait du diesel russe vers l’Espagne, Madrid lance une enquête

Rabat achète du diesel russe et d'autres produits raffinés à des prix réduits et les réexporte vers l'Espagne, selon les médias espagnols. Madrid demande à l'UE une procédure commune renforcée de traçabilité des importations
Sputnik
La ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a confirmé que l'Espagne enquêtait sur l'éventuelle entrée de diesel russe en Espagne via des importations en provenance du Maroc, rapportent les médias.
Mme Ribera a demandé à l'UE une procédure commune renforcée de traçabilité des importations.
Le quotidien espagnol El Mundo indique en citant des sources de suivi des navires que le Maroc achète du diesel russe et d'autres produits raffinés à des prix réduits et les réexporte vers l'Espagne.
Les données du portail de suivi de navigation Vesselfinder ont montré que, le 28 avril, au moins trois pétroliers se dirigeaient depuis les ports russes de la Baltique vers le Maroc transportant environ 170.000 tonnes de produits pétroliers.

Une usine fermée, mais les exportations continuent

Entre-temps, les exportations de carburant du Maroc ont presque cessé après la fermeture de sa seule usine de transformation en 2015 en raison de taxes impayées et d'obstacles juridiques, laissant le pays dépendant des importations de pétrole raffiné.
"Fin 2022, le Maroc a commencé à acheter du gazole à Moscou à raison de plus de 7 millions de litres par jour en moyenne. En parallèle, Rabat a commencé à l'exporter vers l'Espagne", écrit le journal.
Selon les données de suivi des navires, les livraisons marocaines représentent désormais 10% de la demande espagnole mensuelle en diesel, estimée à 60 millions de dollars.

Une plainte de Repsol à l’origine de l’enquête

Le gouvernement a commencé à enquêter "sur ce qui se passe" après avoir appris la plainte du géant espagnol des hydrocarbures Repsol.

"Le diesel russe est toujours sur le marché. Il est toujours sur le marché européen. Et c'est toujours sur le marché espagnol", a déploré le conseiller délégué de Repsol Josu Jon Imaz.

"Notre obligation est d'enquêter sur ce qui se passe avec le carburant", a réagi vendredi à la presse Teresa Ribera. "Au départ, il est accompagné de documents confirmant son origine appropriée" et "les carburants ne viennent pas de Russie. Mais nous sommes vigilants et nous veillerons à ce que ce soit le cas", a-t-elle ajouté.
En mai 2022, la Commission européenne a annoncé une interdiction d'entrée du diesel en provenance de Russie, avec effet à partir de février 2023, pour éviter de contribuer au financement de la guerre en Ukraine.
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