Après être parvenu en octobre 2022 sur un accord de principe d’un prêt de 1,9 milliard de dollars à la Tunisie, le FMI a suspendu en décembre de la même année l’examen de son octroi.
Le FMI, qui avait assorti le prêt de plusieurs conditions, a été accusé de diktat inacceptable par le Président tunisien Kaïs Saïed.
Modibo Mao Makalou, économiste et gestionnaire malien, estime que ces "conditionnalités" sont vraiment draconiennes.
"À mon avis aussi parce qu'il s'agit de restructurer environ une centaine d'entreprises publiques. En restructurant, cela veut dire qu'on va mettre au chômage des milliers de personnes parce que ces entreprises sont lourdement endettées. Mais il s'agit surtout aussi de mettre fin aux subventions sur le carburant, parce que la Tunisie importe beaucoup de carburant, et aussi les subventions sur les produits de première nécessité", a-t-il expliqué à Sputnik.
Besoin d’une bouffée d’oxygène
L’expert ne pense cependant pas que "ce soit un problème de souveraineté parce que les conditionnalités sont connues d’avance".
Il reconnaît quand même que la Tunisie se trouve dans une situation "très, très délicate". Selon lui, le pays est menacé d’une asphyxie économique et financière.
"La Tunisie a besoin de cette bouffée d’oxygène économique et financière… parce que c’est à ce prix qu’on va maintenir la paix politique et la stabilité politique et la paix sociale, qui sont déjà compromises."
Dans cette situation, se tourner vers les BRICS serait pour la Tunisie "une perspective intéressante" bien que pour le moment cela ne puisse pas résoudre les problèmes.
Modibo Mao Makalou estime que le pays "a besoin d’argent frais tout de suite ce qui ne peut se faire qu’au niveau bilatéral". Mais à l’heure actuelle la Chine, l’Inde et la Russie ont, selon lui, leurs propres problèmes.
"Donc je ne pense pas que l'argent frais puisse venir des BRICS."
Cependant pour ce qui est des investissements, à terme la Tunisie pourrait avoir un accord bilatéral avec la Chine ou avec la Russie.
L’alternative des BRICS
Tout de même, de plus en plus de pays, y compris en Afrique, manifestent leur intérêt pour coopérer avec les BRICS y voyant des "alternatives".
"La plupart des pays non occidentaux voient dans le bloc des BRICS une alternative crédible. Un autre monde, un autre bloc, qui fait face à l’Occident et qui va permettre une alliance où les gens se retrouvent, où les gens se sentent à l’aise et où les gens peuvent obtenir de l’aide."
La montée en puissance des BRICS et du Sud global est inexorable.
"Il n’est plus question d’avoir un monde unipolaire. Et je pense que ces organisations internationales financières, notamment celles de Bretton Woods, sont obligées de faire leur mue!", résume l’expert.
"Et donc je pense que la gouvernance mondiale en elle-même doit changer, qu’elle soit financière, politique ou sociale."