Fuite du Pentagone: le fruit de "frustrations face à l’administration Biden"

La récente fuite de documents du Pentagone témoigne de l’agacement de certaines personnes face aux desiderata de l’administration Biden sur le dossier ukrainien, explique à Sputnik Karen Kwiatkowski, gradée à la retraite et ancienne analyste du Pentagone.
Sputnik
Alors que plusieurs documents du Pentagone relatifs au conflit ukrainien ont filtré sur les réseaux sociaux, les observateurs s’interrogent sur les sources de cette fuite et leurs motivations. Pour Karen Kwiatkowski, ancienne analyste du département américain de la Défense, l’incident symbolise surtout une forme de mécontentement vis-à-vis de Washington.
"Cette fuite m’évoque une frustration de militaires ou d’employés vis-à-vis de l'administration Biden et de son exigence d'une victoire américaine contre la Russie, laquelle n’est aucunement possible. Cela pourrait aussi être la frustration d’agents des renseignements face aux exigences d'une production façonnée et adaptée, une production qui élimine l'analyse objective pour s'aligner sur les désirs politiques de l'administration et les soutenir", déclare-t-elle ainsi à Sputnik.
L’officier à la retraite estime que ces fuites pourraient bénéficier à la Russie, lui permettant de confirmer ou de corriger les données de ses services de renseignement sur l’état des forces ukrainiennes. Cela permet aussi à Moscou d’évaluer la qualité des renseignements américains.
"Sur le plan du contenu, les fuites peuvent confirmer ou infirmer les données russes sur les livraisons d’armes à l’Ukraine, sur leur état, sur le statut de formation des opérateurs ukrainiens, et elles peuvent donner une idée de l'intérêt stratégique des États-Unis pour le champ de bataille ukrainien", explique ainsi Karen Kwiatkowski.

Rien sur une contre-offensive printanière

L’ancienne analyste note encore que les fuites ne parlent d’aucun soutien américain à une contre-offensive ukrainienne au printemps, alors que ce scénario a été évoqué dans les médias occidentaux. Les fuites précisent simplement que l’état des sols reste boueux d’avril à début mai en Ukraine.
La fuite renseigne également sur l’état de SIPRNet, le système reliant les réseaux du Pentagone et du département d'État, qui permettent d’échanger des informations confidentielles, souligne Karen Kwiatkowski. Si les informations ont été sorties en copie papier, cela signifierait que la sécurité du système est efficace. SIPRNet reste en effet scruté de près après une mise à jour récente confiée à Booz Allen Hamilton, société dont le lanceur d’alerte Edward Snowden fut un temps employé.
Dans tous les cas, le Pentagone risque désormais de se lancer dans une "chasse aux sorcières" pour trouver le ou les responsable(s) de la fuite, affirme Mme Kwiatkowski.
Le 6 avril dernier, des documents confidentiels détaillant les plans de l’Otan et des États-Unis en Ukraine étaient apparus sur les réseaux sociaux Twitter et Telegram. Ils dévoilaient notamment un calendrier de livraisons d’armes et affirmaient que 12 brigades de combat ukrainiennes étaient en cours de formation, comptant 4.000 à 5.000 hommes chacune.
De nouvelles fuites ont été constatées le 7 avril, ayant trait encore une fois à l’Ukraine mais aussi au Moyen-Orient et à la Chine.
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