Washington et l’Otan pourraient bien aller jusqu’au bout. En cas de déroute des forces ukrainiennes, les soutiens de Kiev pourraient entrer dans la danse, a affirmé le célèbre journaliste Seymour Hersh, dans une conférence au National Press Club.
Le lauréat du prix Pulitzer s’est dit effrayé de la petite musique qui court désormais dans les hautes sphères américaines et qui préconise une "guerre offensive de l’Otan contre la Russie". Un couplet rappelant ceux ayant précédé la guerre du Vietnam, a souligné le journaliste, redoutant que les erreurs du passé ne se répètent.
"Nous avons fait des bêtises à l’époque et j’ai peur que nous les répétions. Je ne sais pas ce qu’il se passera si ça tourne mal pour l’Ukraine. Voilà ce qu’on me dit: ‘C’est l’Otan. On supporte l’Otan dans une guerre offensive de l’Otan contre les Russes’. J’espère que nous ne tomberons pas dans le piège ‘Nous contre les Russes’. Pourquoi voudrions-nous faire ça?", a-t-il ainsi déclaré.
Seymour Hersh a également critiqué les responsables militaires américains, leur reprochant de ne "pas connaître l’Histoire". Il a rappelé les chiffres des pertes dans les derniers jours de la bataille de Stalingrad, lorsque l’URSS perdait près de "2.400 hommes toutes les 4 heures", ce qui n’a pourtant pas empêché la victoire. "Voulons-nous vraiment la guerre avec ces gars?", a demandé le journaliste.
Risque d’escalade
Depuis plusieurs semaines, des observateurs avertissent du risque d’escalade dans le conflit ukrainien. La menace d’un dérapage nucléaire a notamment été mise en avant par le député allemand Sevim Dağdelen, qui accusé l’Otan d’alimenter une "confrontation dangereuse" par ses livraisons d’armes, pouvant déboucher sur un "Armageddon nucléaire".
D’autres se sont inquiétés d’une généralisation du conflit, craignant qu’une "Troisième Guerre mondiale" ne finisse par éclater. Le vocable a par exemple été repris par Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national ou par son ancien bras droit Florian Philippot, désormais patron du parti Les Patriotes.
Seymour Hersh s’était pour sa part illustré début février, en faisant plusieurs révélations sur le sabotage des gazoducs Nord Stream. Le journaliste avait directement pointé la responsabilité de Washington, affirmant que des plongeurs américains avaient, en marge de l’exercice militaire Baltops-2022, placé des explosifs sur les conduites sous-marines.