À quelques semaines de l’expiration de l’accord céréalier d’Istanbul, le secteur agro-alimentaire russe a tiré le bilan d’une année 2022 sous hautes tensions. Malgré de nombreux bâtons dans les roues, les exportations russes ont augmenté de 12% sur un an, à plus de 70 millions de tonnes selon le ministère de l'Agriculture.
Ces denrées ont été fournies à plus de 150 pays, mettant en évidence la contribution de la Russie à la sécurité alimentaire mondiale. Les exportations de viande et de produits laitiers ont notamment bondi de 16%, tandis que celles de céréales, scrutées depuis le début du conflit en Ukraine, ont augmenté de 14%.
En 2022, la Russie a travaillé à réorienter ses flux d’exportations et à construire de nouvelles chaînes d’approvisionnement, dans un contexte géopolitique tendu, souligne encore le ministère russe. De nouvelles mesures ont été mises en place, visant à cibler les marchés prioritaires.
Pour la première fois en 2022, la Russie a notamment livré de la farine à certains pays africains, comme le Sénégal, l’Ouganda ou l’Égypte.
Sanctions et sécurité alimentaire
L’année 2022 a notamment été marquée par la montée de l’insécurité alimentaire, en particulier dans les pays d’Afrique. L’Onu a récemment averti que le Congo était confronté à la "plus grande crise" de la faim en Afrique.
Dans ce contexte, les sanctions occidentales qui ont pesé sur les exportations russes n’ont fait qu’exacerber la situation. Si ces sanctions ne touchent pas directement le secteur alimentaire, elles entravent les échanges, en décourageant par exemple certaines banques de travailler avec les exportateurs russes. On peut y voir des "sanctions cachées", comme l’expliquait récemment à Sputnik Ksénia Bolomatova, directrice d’une société céréalière russe.
Courant juillet, les accords d’Istanbul avaient également permis de créer des corridors céréaliers en mer Noire. À la manœuvre sur cet programme, le Président turc Recep Tayyip Erdogan s’était d’ailleurs dernièrement félicité des résultats, se réjouissant que 16 millions de tonnes soient sorties des ports ukrainiens depuis.
Le dirigeant turc avait cependant déploré que seuls 14% du blé exporté d’Ukraine ait profité à l’Afrique, contre 44% à l’Europe.