À l’issue de ses négociations avec le Président angolais João Lourenço, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait savoir que la création d’une monnaie commune pour les pays du groupe des BRICS serait évoquée dans le cadre du sommet programmé pour août en Afrique du Sud.
Il a signalé que des pays sérieux et respectables constataient que les patrons du système monétaire et financier international étaient incapables de s’arranger et d’honorer les accords. Ces pays "souhaitent créer leurs propres mécanismes garantissant un développement stable et protégé contre le diktat étranger".
Dans l’intérêt des pays à monnaies faibles
Vladimir Choubine, professeur à l'institut d'études africaine de l'académie des sciences de Russie, a signalé à ce propos que la mesure pourrait accroître l’indépendance monétaire des pays en question.
"Pour nous et pour les autres pays des BRICS, il est très important de ne pas dépendre de la volonté de ceux qui émettent leur monnaie, c’est-à-dire le dollar."
Le chercheur rappelle que cette dépendance crée également des problèmes pour le commerce. Bien que le processus de création d’une monnaie qui puisse remplacer le dollar dans les échanges ne soit pas simple et rapide, cela serait, selon lui, vraiment utile.
Des paiements en monnaies nationales
"Ce serait surtout utile pour les pays dont la monnaie n’est pas très forte, car la dépendance vis-à-vis du dollar crée de graves obstacles au développement des liens économique. Je parle, en l’occurrence, de pays qui ne font pas uniquement partie des BRICS", a soutenu le chercheur.
En attendant, il estime que d’autres monnaies commencent déjà à être utilisées au lieu du dollar, notamment le yuan. Il cite l’exemple de son pays qui recourt à la devise chinoise pour former ses réserves de change.
"Mais il y a un autre mécanisme employé de plus en plus souvent: les paiements en monnaies nationales. Ainsi, entre nous et l’Inde, on paie en roupies, en roubles. À mon avis, ce mécanisme sera de plus en plus attrayant", a-t-il conclu.
Dressant le bilan de la visite du chef de la diplomatie russe, le politologue angolais, professeur Antonio Alberto Neto, évoque une nouvelle génération dans son pays.
"Il faut faire appel aux diasporas africaines pour qu’elles alimentent chaque pays à l’aide d’un système de transferts " SWIFT panaficain " et qu’elles commencent à retourner en Afrique", indique-t-il.
Pour le politologue, la Russie pourrait aider dans quelques de ces questions.
"Le ministre Lavrov, qui est déjà connaisseur de la réalité africaine, a pu voir lors de cette visite qu’il y a une nouvelle génération des Angolais qui ne veulent pas abandonner leur pays pour vivre ailleurs ou mourir noyés quelque part dans la Méditerranée", indique Antonio Alberto Neto.
"Cette nouvelle génération africaine ne veut pas vivre en pauvreté, elle est patriote de son pays et de son continent et veut y construire la paix et la liberté", poursuit-il.
Et de conclure: "Espérons que sur ce chemin la future coopération avec la Fédération de Russie sera constructive".