Les pays occidentaux ne pourront pas empêcher le développement de nouveaux centres de pouvoir, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors de sa tournée africaine qui vient de s'achever. L'une des manifestations de la multipolarité croissante du monde pourraient être les exercices navals de l’Afrique du Sud, de la Russie et de la Chine. Les manœuvres auront lieu du 17 au 27 février 2023 au large de l’Afrique australe, dans l’océan Indien. Il s’agit du second exercice trilatéral, après l’entraînement conjoint des marines en 2019. Ces exercices interviennent après la clôture des exercices navals bilatéraux sino-russes en mer de Chine orientale du 21 au 27 décembre 2022.
"Le fait que ces exercices se passent dans l’océan Indien, loin du théâtre d’opérations naturel de la Russie et la Chine dans la région du Pacifique, laisse entrevoir une stratégie de ces pays d’avoir une présence globale dans tous les océans. De quoi effectivement susciter une désapprobation des États-Unis, dont la puissance militaire est essentiellement bâtie sur son vecteur naval", affirme auprès de L’Afrique en marche Akram Kharief, fondateur et animateur du site d’information militaire Menadefense.
L'annonce des exercices a en effet provoqué, comme l'a dit Sergueï Lavrov, "des réactions mitigées" de certains pays, dont les États-Unis. Lors de sa visite en Afrique du Sud, le chef de la diplomatie russe a exprimé son étonnement quant à leurs préoccupations. Le ministre a insisté sur le droit souverain des pays à mener de telles manœuvres. Son homologue sud-africaine Naledi Pandor a confirmé que les exercices avec des États amis sont une pratique normale et il ne peut y avoir de pression de la part de pays tiers.
"Ces exercices navals annoncent effectivement la création d’un pôle militaire au sein des BRICS. Il est très intéressant de voir qu’au-delà des intérêts économiques qu’elles partagent, la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud sont en train de faire évoluer leur alliance également sur le plan militaire", indique l’expert.
Outre le Brésil et l'Inde, qui sont déjà membres des BRICS, d’autres États pourraient les rejoindre. Il s’agit par exemple de l’Algérie, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de l'Argentine. "Le bloc militaire émergeant au sein des BRICS à moyen et long termes aura vocation à jouer un rôle important au même titre que les alliances militaires qui se développent dans les océans Indien et Pacifique autour des États-Unis. Sans oublier la France, qui est une grande puissance maritime indo-pacifique", conclut Akram Kharief au micro de Radio Sputnik Afrique, soulignant que "dans ce sens, l’Afrique du Sud sera bien positionnée pour créer un équilibre".
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