Les grands axes de la tournée de Lavrov en Afrique, la deuxième en six mois
© Photo Le service de presse de la diplomatie russe / Accéder à la base multimédiaSergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, en visite officielle en Afrique du Sud, lors d'une conférence de presse avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor
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"Hisser le drapeau" dans l’océan Indien, délaisser le dollar et développer les liens économiques entre l’Afrique et la Russie. Des experts observent pour Sputnik des avancées palpables dans l’orientation africaine de la Russie suite à la visite du ministre russe des Affaires étrangères en Afrique du Sud, en Eswatini, en Angola et en Érythrée.
Des exercices militaires russo-sino-sud-africains en vue, la coopération dans le domaine des technologies spatiales avec l’Angola et la création d’une monnaie commune pour les BRICS. Voici quelques-uns des résultats du voyage qui s’achève du chef de la diplomatie russe.
Cette tournée sur le continent africain de Sergueï Lavrov, la deuxième en six mois, est "un signal" aux partenaires étrangers "en opposition" qu’il ne s’agit pas d’"initiatives momentanées" de la Russie, affirme au micro de Sputnik l’africaniste Aleksandr Zdanevitch.
Une intensification au grand dam de Washington qui souhaite "lutter contre les activités russes" sur le continent africain, ce que Pretoria a rigoureusement dénoncé.
"Les Américains tentent de compenser la chute de l’activité étrangère sur le continent sous la présidence de Donald Trump où l’Afrique a été oubliée. […] La présence d’acteurs étrangers [sur le sol africain] énerve beaucoup les Américains qui y sont déployés de manière dense" ainsi que les Européens, observe l’expert.
Pourtant, "l’équilibre des forces n’est pas en leur faveur", croit-il.
Délaisser le dollar
Le cap sur l'abandon du dollar sur les marchés internationaux devra entre autres se cristalliser au sein du groupe des BRICS, Sergueï Lavrov ayant évoqué des projets de création d’une monnaie commune. Une initiative "assez complexe" conjuguée à "une série d’obstacles", puisque les mécanismes avec le recours au dollar ont été travaillés pendant des décennies, indique M.Zdanevitch.
Selon lui, la Chine pourrait "offrir le yuan en tant que base de réserve", mais il y a des initiatives de la part des États qui veulent faire partie des BRICS, précise l’expert, évoquant celles de l’Arabie saoudite et de l’Argentine.
"Premièrement, il est probable qu’avec le temps l’union s'élargira. Deuxièmement, les pays participants recevront un certain arriéré financier et un certain poids ou contrepoids au système existant", résume-t-il.
Les exercices dans l’océan Indien, une "occasion de hisser le drapeau"
Les exercices militaires russo-sino-sud-africains prévus pour le mois de février n’ont pas encore débuté, mais "préoccupent" déjà les États-Unis, selon la porte-parole de la Maison-Blanche. Tout en soulignant une réaction "un peu trop hypertrophiée", Aleksandr Zdanevitch pointe cependant "une plus étroite coopération".
Tant qu’il s’agit de manœuvres conjointes dans l’océan Indien, "c’est l'occasion de hisser le drapeau […], de montrer au monde quelques innovations. Peut-être que de nouveaux éléments seront annoncés, des prototypes, [que] les capacités de ces groupes de combat […] dans un théâtre assez vaste [seront démontrées]".
"C’est prématuré de parler de la création d’un nouveau pôle de puissance", ces exercices n’étant pas les premiers en leur genre, juge auprès de Sputnik Vassili Sidorov, chercheur principal à l'Institut des études africaines de l'Académie des Sciences de Russie.
"Les exercices tripartites de concert avec la Russie et la Chine sont plutôt logiques pour l’Afrique du Sud du point de vue de sa politique à plusieurs vecteurs", analyse-t-il.
Quant au sommet Russie-Afrique, pour M.Sidorov, il importe surtout sur deux plans: économique, soit l’augmentation du chiffre d’affaires qui est "relativement modeste", et humanitaire, soit, par exemple, la création d’un centre culturel russe en Afrique du Sud.