La France "infantilise" le Burkina dans sa relation avec Moscou, selon un politologue

Paris renoue avec le colonialisme et l’infantilisation en sermonnant le Burkina Faso sur ses partenariats avec la Russie, explique à Sputnik l’analyste politique Lianhoué Imhotep Bayala.
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Alors que les manifestations se multiplient au Burkina Faso pour réclamer le départ des troupes françaises, Paris voit derrière ces mouvements populaires la main du Kremlin. Une réaction empreinte de néocolonialisme et en déphasage avec les réalités africaines, affirme à Sputnik l’analyste politique Lianhoué Imhotep Bayala.
"Les politiques français ne sont pas habitués à recevoir des injonctions venant d'Afrique, venant des ex-colonies, car ils n’ont pas actualisé leur logiciel colonial. On peut dire que c'est de l'orgueil colonial, ainsi qu’un manque d'anticipation de la politique extérieure française face aux dynamiques des sociétés africaines, lesquelles vomissent de plus en plus la France", explique-t-il.
Paris est par ailleurs incapable de se figurer une opinion burkinabée faisant librement ses choix. Agiter le spectre d’une instrumentalisation russe démontre que la France est elle-même dans cette logique, ajoute Lianhoué Imhotep Bayala.
"C'est une forme d'infantilisation, parce la France n'arrive pas à concevoir l'opinion africaine comme une opinion souveraine, capable de s'indigner et de faire des choix stratégiques bons pour son destin, son développement, le bonheur de sa population [….] Prétendre que toute action contre la France, en Afrique ou au Burkina est une instrumentalisation de la Russie prouve que la France est elle-même dans la manipulation", affirme-t-il.

Échec de la lutte contre le terrorisme

Ces demandes répétées de retrait des forces françaises rappelle la situation malienne, explique en outre Lianhoué Imhotep Bayala. L’échec de Paris dans la lutte contre le terrorisme soulève certaines interrogations sur de possibles accointances avec les groupes armés.
"L’un des parallèles importants, c'est que la présence de ces contingents de troupes françaises au Mali n'a pas empêché la métastase du terrorisme, n'a pas empêché l'amplification et la capacité de nuisance des terroristes. Si bien qu’on se demande si ces forces n’apportaient pas un réel soutien de façon officieuse à ces groupes-là", avance l’analyste politique.
Le Burkina a pu servir à ravitailler les terroristes à l’œuvre au Mali, ce qui fait planer le doute sur l’efficacité de la force Sabre, dont la base arrière se situe à Kamboinsin, près d’Ouagadougou. En août, le Mali avait déjà déposé une plainte contre la France à l’Onu, mettant en lumière des échanges de renseignements entre les forces françaises et les groupes terroristes.
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