La crise économique et énergétique qui balaye l’Europe pourrait déboucher sur une guerre commerciale avec les États-Unis, écrit le journaliste allemand Hans von der Burchard dans le média spécialisé américain Politico.
Berlin craint l’électrochoc que Joe Biden va tenter de provoquer sur l’économie américaine, via sa loi sur l’Inflation Reduction Act (IRA), forte d’une enveloppe de 369 milliards de dollars. Des subventions massives aux entreprises, notamment vertes, qui pourraient amener les compagnies allemandes à investir Outre-Atlantique.
Un cauchemar en perspective pour l’Allemagne, déjà affaiblie par la flambée des coûts de l’énergie et les sanctions prises contre Moscou. Les subventions à l’achat de voitures électriques américaines irritent par exemple au pays de Goethe, gros producteur automobile.
"Le temps presse et une trêve avec Biden semble de moins en moins probable […]. Si cette querelle devient incontrôlable, cela conduira à une guerre commerciale, ce qui terrifie les Européens en difficulté", explique ainsi Hans von der Burchard.
L’Europe et les États-Unis pourraient alors se livrer à une guerre tarifaire, comme celle qui oppose Washington à Pékin. L’UE pourrait aussi se lancer dans une bataille juridique devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour entraver les subventions américaines considérées comme "discriminatoires".
Le plan B allemand
Pour éviter d’en arriver là, Berlin pourrait briser le tabou des subventions européennes à l’industrie. L’Allemagne verrait notamment d’un bon œil des incitations pour la production de technologies vertes en Europe.
Un sacré bouleversement, alors que l’Allemagne a toujours penché vers le libéralisme économique, au contraire d’une France plus interventionniste. L’idée fait aussi son chemin à Bruxelles. Un fond de solidarité pour renforcer l’autonomie européenne dans des secteurs clés, comme la production de batterie ou de semi-conducteurs, a été évoqué par Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.
Mais le temps est compté pour l’Europe, alors que les négociations avec Washington patinent.