Alors que la Côte d'Ivoire a annoncé le 15 novembre le retrait de ses troupes déployées au Mali dans le cadre de la mission onusienne Minusma, l’analyste politique Gnabro Yannick Kouamé parle des raisons de cette décision, dans un entretien à Sputnik.
"C’est une manière de mettre la pression au Mali pour qu’il baisse d’un ton vis-à-vis de la France, n’oublions pas que le Quai d’Orsay a pris une décision de manière subtile pour soustraire toute aide qu’elle apportait au Mali".
Outre le contexte français, ce revirement est également lié au différend qui oppose le Mali et la Côte d’Ivoire concernant le sort de 49 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis quatre mois, poursuit-il.
"Ce retrait est un recul pour plus sécuriser les frontières ivoiriennes et une sorte de pression sur le Mali pour son désir de vouloir coopérer d’égal à égal avec tous ses partenaires".
Les militaires en question ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt pour "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État", puis formellement écroués à leur arrivée à l'aéroport de Bamako le 10 juillet. La Côte d’Ivoire réfute les accusations maliennes.
"Ce n’est pas un retrait catégorique"
En plus de la Côte d’Ivoire, la Grande-Bretagne a récemment annoncé le départ de ses troupes de la mission Minusma. L’Allemagne y pense également. Bien qu’annoncé, ce retrait ne sera pas définitif, relativise l’analyste. Pour lui, il pourrait s’agir d’une "revalorisation du type de contrat demandée par le Mali", puisque ni la Côte d’Ivoire ni les partenaires de la France "n’ont intérêt à abandonner le Mali".
"Ce n’est pas un retrait catégorique du genre ‘Si vous ne voulez plus coopérer avec nous, alors tout ce qui vient d’Europe s’en ira’, car cela ne fait ni chaud ni froid au Mali parce qu’il s’y était préparé déjà", tranche Gnabro Yannick Kouamé tout en évoquant des bénéfices économiques des relations entre ces pays africains et européens.
Le rôle de la Russie en Afrique
En outre, il salue les efforts entrepris en Afrique par la Russie tout en prônant la diversité dans le domaine de la coopération.
"Avec la montée de la Russie en Afrique francophone, c’est une diversité de partenariat qui peut-être aidera l’Afrique francophone à avoir son indépendance économique et socioculturelle, car c’est ce qui manque à cette partie de la Terre", conclut-il.