"N’en déplaise à beaucoup, la guerre ne se gagne pas sur un plateau de télévision. Encore moins sur les réseaux sociaux, mais sur le terrain de la réalité tangible où à chaque instant il faut prendre des décisions car il y va de vies humaines, soldats et civils confondus", commente Abdelkader Soufi, spécialiste en politiques de Défense, au micro de L’Afrique en marche.
À ce titre, il souligne que "la décision du général Sourovikine de retirer ses soldats de la rive droite du Dniepr est certes difficile mais courageuse et sage car elle a permis d’épargner la vie à un millier de soldats stationnés dans cette région, après l’évacuation [de plus de 115 000, ndlr] civils de la ville de Kherson" vers la rive gauche du Dniepr.
L’expert explique que la région de Kherson est difficilement accessible pour le ravitaillement en armes et en nourriture à cause de la nature exiguë et durement praticable des terrains.
Dans le même sens, il rappelle que durant le seconde Guerre mondiale, pour traverser le Dniepr, l’Armée rouge soviétique avait dû payer un lourd tribut. "Dans l’état actuel des choses, il faut bien avoir à l’esprit que les ponts qui relient les deux rives du Dniepr ont été bombardés et ne sont plus praticables, ce qui fait d’une quelconque tentative de l’armée ukrainienne de traverser la rivière un acte de suicide assuré".
Ainsi, pour le Dr Soufi, "les troupes ukrainiennes se trouvent complétement piégées, étant donné qu’elles ne peuvent ni avancer, ni reculer, ni se redéployer dans d’autres régions. Ceci en plus du fait qu’elles seront à la merci des avions, des drones, des missiles et de l’artillerie lourde russes". Ce sont toutes ces raisons qui ont amené Ramzan Kadyrov qui "était un acerbe critique de l’ancien haut commandement des opérations à saluer un choix difficile mais correct du général Sourovikine. Ce dernier est tout à fait conscient qu’il combat les Occidentaux et l’Otan en Ukraine", indique-t-il.
Abdelkader Soufi revient au XIXème siècle pour rappeler l’expérience de Napoléon en Russie.
"Imaginons un instant qu’à cette époque il y avait autant de moyens d’information et de réseaux sociaux qu’aujourd’hui, avec quels mots auraient été traités le général Koutouzov et son armée qui par ruse ont laissé pénétrer les troupes de Napoléon de 2.000 kilomètres sur le territoire russe et prendre Moscou?", s’interroge l’interlocuteur de Radio Sputnik Afrique. "En tout cas, Napoléon, qui disposait d’environ 600.000 hommes au début de la campagne de Russie et qui n’avait plus en décembre de la même année que quelques dizaines de milliers de soldats frigorifiés et épuisés, ayant pu s'échapper et rentrer en France, donnerait un tout autre conseil aux troupes ukrainiennes se trouvant à Kherson. À bon entendeur salut", conclut-il.
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