Les récents propos d’Emmanuel Macron sur les visées impérialistes de la Russie et de la Chine en Afrique signent l’échec de la France sur le continent. Contesté partout, Paris cherche à faire porter la responsabilité de ses échecs sur d’autres puissances, explique ainsi à Sputnik Mokhtar Saïd Mediouni, ancien colonel de l’armée de l’air algérienne.
" La France a été pratiquement renvoyée de tous les pays africains qu'elle "occupait", car son comportement et ses discours coloniaux sont rejetés [...]. Paris essaie donc d’accuser d'autres acteurs pour expliquer son échec en Afrique", déclare-t-il.
Un point de vue partagé par Daouda Kinda, expert malien en sécurité internationale, qui ajoute que la France fait une "erreur de jugement" en fustigeant le supposé "impérialisme" d’autres pays en Afrique. Paris tente, en effet, de sauver sa position hégémonique en s’adressant aux francophiles d’Afrique, oubliant que le continent a bien changé depuis la décolonisation.
"La France veut monopoliser l'Afrique sur le plan économique et stratégique. C’est une puissance qui veut maintenir son pré carré. Mais elle doit comprendre que les autochtones ont changé. Ce n’est plus les Africains des années 1960 […]. La jeunesse africaine est ouverte sur le monde […]. Beaucoup se disent que ce sont non seulement des Français, mais aussi des Chinois, des Pakistanais, des Turcs qui doivent venir en Afrique", explique ainsi Daouda Kinda.
Le spécialiste ajoute qu’il est naturel que de nouveau "modèles de coopération" apparaissent, avec la Russie, l’Inde ou la Chine, après les échecs français en Afrique. De nouveaux partenariats que Paris voit, cependant, comme une "menace ouverte pour les intérêts français".
Macron et le couplet impérialiste
Emmanuel Macron a suscité plusieurs levers de boucliers ces derniers mois, en accusant la Russie, la Chine ou la Turquie d’avancer leurs pions en Afrique. Le Président français avait ainsi dénoncé l’"agenda d’influence, néocolonial et impérialiste" de ces puissances, fin août. Il leur avait reproché de manipuler l’opinion publique africaine, pour désigner la France comme l’"ennemie".
Le chef d’État avait récidivé récemment, en accusant certains pays, dont la Russie, d’orchestrer des campagnes de désinformation, via des "utilisateurs et des militants des médias sociaux". Des propos qui lui avait valu les remontrances d’Ankara.