Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé le 9 novembre la fin de l'opération antidjihadiste Barkhane, ce changement reste une manœuvre de diversion, selon Adama Diabaté, spécialiste en géopolitique, enseignant-chercheur à l’IUG (Institut universitaire de gestion) et directeur adjoint à l'IUDT (Institut universitaire pour le développement territorial au Mali), qui s’exprime auprès de Sputnik.
"C’est un changement de nom plutôt qu’un vrai changement", indique-t-il, assurant que "la France est partie pour rester. La France n’ira nulle part".
La raison fondamentale de cette manœuvre se trouve dans le fait que Paris s’est plongé dans une "crise stratégique" concernant sa politique en Afrique: la France "a des problèmes d'adaptation aux réalités changeantes en Afrique et dans le monde. Et surtout par rapport à la stratégie et à la politique qu’elle mène en Afrique".
"On dit en Afrique, en blaguant, "macronner". C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il y a un problème, il s'agit d’en débattre et ce problème sera considéré comme déjà solutionné", commente Adama Diabaté.
Le Mali a été le premier pays à avoir rejeté la présence militaire française, note-t-il. Les Maliens "essaient de faire revivre [leur] passé glorieux et ils préfèrent plutôt mourir très souvent et se sacrifier que d'accepter certaines limites de dédain, d'arrogance qui caractérisent les comportements français", considère Adama Diabaté.
Stratégie de plusieurs mois
Paris va discuter avec ses partenaires africains, alliés et les organisations régionales "le statut, le format et les missions des actuelles bases militaires françaises au Sahel et en Afrique de l'Ouest", a fait savoir le 9 novembre le Président français.
La stratégie sera finalisée d'ici six mois.
Avec le départ de Barkhane du Mali fin août, environ 3.000 militaires français sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. La France avait atteint jusqu'à 5.500 militaires au plus fort de son déploiement dans le Sahel.