Alors que la France vient d’interdire l'entrée et le séjour sur son territoire national à Nathalie Yamb, activiste panafricaniste née en Suisse et d’origine camerounaise, la concernée estime que cette décision reste "une preuve flagrante de l'hypocrisie, du mépris et du racisme de la France concernant l'Afrique **francophone**", avance-t-elle auprès de Sputnik.
Nathalie Yamb, conseillère exécutive de Mamadou Koulibaly, candidat à la présidentielle ivoirienne de 2020
© Sputnik . Roland Klohi / Nathalie Yamb, conseillère exécutive de Mamadou Koulibaly, candidat à la présidentielle ivoirienne de 2020
"Chaque fois qu’on refuse un visa Schengen à un Africain, pour moi, on se rapproche de la rupture totale que je souhaite entre l’Afrique et la France, et même entre l’Afrique et l’Europe, si l’Europe continue de s'associer au gangstérisme français", estime Nathalie Yamb.
Les autorités françaises reprochent à la militante qui se réclame d’un panafricanisme catégorique d'encourager "le recours à la violence à l’encontre des symboles de la présence française en Afrique". L’interdiction d’entrée et de séjour a été prise en janvier 2022, mais rendue publique à la mi-octobre.
Récemment, Maïkoul Zodi, activiste nigérien qui réclame le départ des soldats de Barkhane, a vu son visa français annulé. Nathalie Yamb fait l’écho de ce cas:
"Là où tous les cas se rejoignent, c'est que l'on nous refuse, en tant qu'Africain, le droit de circuler librement en France pour des questions liées à l'expression de nos opinions".
Elle remarque que la Russie, qui l’avait invitée en 2019 au sommet Russie-Afrique, n’a "pas peur de nous laisser parler". Par contre, s’adressant aux autorités françaises, elle ajoute: "Si vous, vous avez peur de nous donner la parole, il ne faut pas vous plaindre quand d’autres le font".
Regard français sur l’Afrique
D’après la militante, dans son approche "colonial" et "raciste", l’État français "refuse de changer" et d’admettre que c’est désormais aux pays africains de choisir leurs lignes directrices.
"Si la France veut comprendre les raisons pour lesquelles elle est vomie par les peuples d'Afrique, elle n’a qu’à étudier son histoire d’une part, et se regarder dans un miroir, d'autre part. Parce que les Africains ont changé, le monde change, mais l'État français, lui, refuse de changer. Et il en paye le prix ", martèle l’activiste.
"Or, dans l'esprit français, les territoires d'Afrique appartiennent à la France plus qu'ils n'appartiennent aux Africains. Mais c'est une conception que je qualifie de suprémaciste, de coloniale et de raciste. Et je le dis: de gré ou de force, ils vont devoir abandonner cette conception-là qu'ils ont de l'Afrique", insiste-t-elle.