Le récent discours du Président russe qui rappelle "les contradictions, l’hypocrisie et les crimes commis, ces dernières décennies, par les Occidentaux, les États-Unis en tête" est un défi ouvert, applaudi dans beaucoup d’endroits du monde, avance ce 3 octobre, Nizar Bahloul, directeur de la rédaction du journal tunisien Business News.
En cause: le caractère global des problèmes soulevés par M.Poutine.
"Il y a comme un nouvel ordre mondial qui se dessine devant nous et il y a des points que le Président russe relève qui devraient nous ouvrir les yeux. Je parle notamment de ceux qui (comme moi) qui s’estiment libéraux et progressistes et assimilent systématiquement (et naïvement) progressisme et occidentalisme. Vladimir Poutine met à nu cette hypocrisie occidentale, si évidente pourtant", écrit l’auteur.
Les réactions hostiles à Vladimir Poutine que l’Occident qualifie d’"internationales" ne le sont pas, affirme M.Bahloul. Les pays "non inféodés aux Occidentaux" considèrent le Président russe "presque comme ce héros qui affronte, seul, la tyrannie occidentale".
"Sourds, muets et aveugles"
Commentant le référendum et le rattachement du Donbass, de Zaporojié et de Kherson à la Fédération de Russie, les politiques occidentaux ont, à l’unanimité, rejeté les résultats, note le journaliste.
L’Occident nie le droit des peuples à l’autodétermination.
"Pourtant, ces mêmes Occidentaux ont applaudi des deux mains quand le Kosovo a proclamé unilatéralement en 2008 son indépendance de la Serbie", rappelle-t-il.
De même, politiques et médias ont trouvé 1001 qualificatifs pour justifier l’invasion occidentale de la Libye, de la Syrie et de l’Irak, selon lui.
"Pour les Occidentaux, l’annexion est illégale, c'est une invasion pure et simple. Les mêmes sont sourds, muets et aveugles quand Israël annexe chaque année depuis plus d’un demi-siècle des kilomètres carrés de la Palestine. Ce même Occident qui crie sur tous les toits défendre la liberté d’expression n’a pas hésité à fermer les médias russes RT et Sputnik, sous prétexte de guerre, imposant ainsi un seul son de cloche à l’opinion."
Pillage des meilleures ressources humaines
Les Présidents tunisiens ont réussi à "préserver l’image [d’un pays] qui traite d’égal à égal avec les Occidentaux", poursuit-il. Mais les citoyens "restent soumis aux diktats des Occidentaux".
Comme "meilleure illustration" de ce diktat, Nizar Bahloul cite le visa dont les Tunisiens ont besoin pour aller en Europe, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Il s’agit d’une injustice, d’une humiliation, d’une ingratitude et d’arrogance de l’Occident à l’égard des Tunisiens et autres peuples, à son avis.
Comme "meilleure illustration" de ce diktat, Nizar Bahloul cite le visa dont les Tunisiens ont besoin pour aller en Europe, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Il s’agit d’une injustice, d’une humiliation, d’une ingratitude et d’arrogance de l’Occident à l’égard des Tunisiens et autres peuples, à son avis.
"Les Occidentaux imposent ce diktat aux uns, mais pas aux autres, juste parce que les uns ont une nationalité que d’autres n’ont pas".
En plus, ces mêmes pays rejettent les visas de certains et font tout pour en délivrer à d’autres, à l’instar des médecins et des ingénieurs et, tout dernièrement, le personnel de l’hôtellerie, note le journaliste.
"L’Occident est en train de piller nos meilleures ressources humaines […] et il veut qu’on accepte les terroristes, les barbus et les voyous. Plus que de l’hypocrisie, c’est de la cupidité!", s’indigne-t-il en précisant que le mécanisme de visa permet de "débaucher" les meilleurs spécialistes de son pays.
Le défi lancé par la Russie n’est qu’une des conséquences de la "haine anti-occidentale", que "l’Occident ne fait que cultiver" avec sa politique "injuste, humiliante, ingrate, hypocrite, cupide et arrogante", conclut Nizar Bahloul.
Discours de Poutine
Le 30 septembre, Vladimir Poutine a prononcé un discours solennel après avoir signé quatre accords portant sur l'intégration à la Russie des régions de Kherson, de Zaporojié et des républiques du Donbass.
Plusieurs experts ont déjà qualifié cette allocution d’"historique" et de "défi" à l’Occident.
Le Président russe a fustigé la politique du deux poids deux mesures que les Occidentaux mettent en œuvre depuis longtemps, en pillant les ressources des autres pays et éliminant des groupes ethniques entiers.