Le Niger se prépare à une élection présidentielle inédite, le 27 décembre prochain, qui va consacrer pour la première fois une «alternance de civil à civil». La configuration démocratique séduit mais la compétition s’annonce rude dans ce scrutin sans Président sortant candidat.
Félix Kokou Aklavon, directeur des programmes du Centre de recherches et d'études sur la sécurité et le développement (Cresed) basé à Lomé, considère que ce retrait est le signe d’un renouveau politique.
«Le seul fait que le Président Issoufou ne soit pas candidat a ouvert la voie à un changement de pouvoir de civil à civil, ce qui n’a jamais eu lieu dans l’histoire du pays. Et cette situation a créé un climat de confiance des acteurs qui croient en un processus électoral ouvert et crédible», affirme-t-il à Sputnik.
Des dizaines de dossiers ont été enregistrés par le ministère de l’Intérieur du pays à la clôture des dépôts de candidature ce début novembre. La liste définitive ne sera divulguée que le 17 novembre par la Cour constitutionnelle, mais celle qui est relayée dans la presse locale compte tous les grands noms de la politique nigérienne.
À côté de ces vieux routiers de la politique figurent de nouveaux visages, qui forment les trois quarts des candidats. Ce qui incite Félix Aklavon à penser que ce scrutin de décembre, au-delà des résultats, peut participer au renouvellement de la classe politique au Niger.
L’hypothétique second tour
La pléthore de candidatures pour la présidentielle peut aussi s’expliquer par d’autres raisons, parmi lesquelles la certitude d’un hypothétique second tour selon Mohamed Djabakate, chercheur au Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises (CGDPC) basé à Lomé et interrogé par Sputnik.
«Au nom de cette lecture donc, tous les candidats croient avoir une chance. Soit pour se faire élire, soit pour se hisser au second tour, soit, pour les moins ambitieux, pour échanger leur soutien contre un poste.»
Un scrutin 100% démocratique au Niger? Mohamed Djabakate y croit, pour peu, affirme-t-il, que les institutions de l’État, et en premier lieu la Commission électorale et la Cour constitutionnelle, s’en tiennent à leur rôle constitutionnel. En d’autres termes, il ne faudrait pas que ces institutions s’immiscent dans le jeu politique en soutenant un des candidats. Celui qui est adoubé par le Président sortant, particulièrement.
Dès lors, l’élection présidentielle à venir au Niger, soutient Félix Kokou Aklavon, «va contredire toutes les tendances des derniers scrutins présidentiels en Afrique de l’Ouest où la démocratie a été mise à rude épreuve».
Pourtant, le Président nigérien lui-même revient de loin. Celui qui est cité aujourd’hui comme un démocrate n’a pas été exempt de tout reproche lors de sa réélection en février-mars 2016. En témoignent un rival emprisonné, un scrutin boycotté et des résultats contestés.