Présidentielle au Niger: les candidats se bousculent pour une première alternance de «civil à civil»

© AFP 2024 MICHELE CATTANILe Président nigérien Mahamadou Issoufou
Le Président nigérien Mahamadou Issoufou - Sputnik Afrique
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Au Niger, pléthore de candidats manifestent leur désir de succéder au Président Mouhamadou Issoufou, qui quittera le pouvoir après l’élection de décembre. De grands noms de la politique nationale comme des anonymes entendent avoir voix au chapitre présidentiel.

Le Niger se prépare à une élection présidentielle inédite, le 27 décembre prochain, qui va consacrer pour la première fois une «alternance de civil à civil». La configuration démocratique séduit mais la compétition s’annonce rude dans ce scrutin sans Président sortant candidat.

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L’actuel chef de l’État Mahamadou Issoufou, dont les fonctions courent jusqu’en avril 2021, se retire en effet après ses deux mandats consécutifs, la Constitution ne lui permettant pas d’en briguer un troisième. Il n’a pas souhaité, alors même que des militants et cadres de sa majorité l’y invitaient, amender le texte fondamental, comme c’est désormais l’habitude dans le sous-continent africain.

Félix Kokou Aklavon, directeur des programmes du Centre de recherches et d'études sur la sécurité et le développement (Cresed) basé à Lomé, considère que ce retrait est le signe d’un renouveau politique.

«Le seul fait que le Président Issoufou ne soit pas candidat a ouvert la voie à un changement de pouvoir de civil à civil, ce qui n’a jamais eu lieu dans l’histoire du pays. Et cette situation a créé un climat de confiance des acteurs qui croient en un processus électoral ouvert et crédible», affirme-t-il à Sputnik.

Des dizaines de dossiers ont été enregistrés par le ministère de l’Intérieur du pays à la clôture des dépôts de candidature ce début novembre. La liste définitive ne sera divulguée que le 17 novembre par la Cour constitutionnelle, mais celle qui est relayée dans la presse locale compte tous les grands noms de la politique nigérienne.

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On y trouve, entre autres, le dauphin du Président et ex-ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, l’ancien Président Mahamane Ousmane (1993-1996), le général Salou Djibo, l’ex-putschiste et ex-chef de la junte au pouvoir de février 2010 à avril 2011 investi candidat du parti Paix Justice Progrès (PJP), l’opposant historique Hama Amadou, l’ancien Premier ministre Seyni Oumarou, l’actuel ministre de l’Agriculture et de l’élevage Albadé Abouba.

À côté de ces vieux routiers de la politique figurent de nouveaux visages, qui forment les trois quarts des candidats. Ce qui incite Félix Aklavon à penser que ce scrutin de décembre, au-delà des résultats, peut participer au renouvellement de la classe politique au Niger.

L’hypothétique second tour

La pléthore de candidatures pour la présidentielle peut aussi s’expliquer par d’autres raisons, parmi lesquelles la certitude d’un hypothétique second tour selon Mohamed Djabakate, chercheur au Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises (CGDPC) basé à Lomé et interrogé par Sputnik.

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Dans les conditions actuelles, affirme-t-il, tous les candidats tablent sur cet hypothétique second tour pour ensuite «exister» grâce aux jeux d’alliance, en se rangeant d’un côté ou d’un autre. «Je crois qu’il ne fait aucun doute que la candidature de l’ancien Premier ministre, l’opposant Hama Amadou, même gracié, sera rejetée au nom de l’article 134 du code électoral puisqu’il a été condamné par la justice dans une affaire de trafic de bébés et a fait de la prison. Le contraire m’étonnerait. Ajouté au fait que le Président sortant n’est pas candidat, deux rivaux et ténors de la politique seront d’entrée éliminés de la course à la présidentielle», pronostique-t-il.

«Au nom de cette lecture donc, tous les candidats croient avoir une chance. Soit pour se faire élire, soit pour se hisser au second tour, soit, pour les moins ambitieux, pour échanger leur soutien contre un poste.»

Un scrutin 100% démocratique au Niger? Mohamed Djabakate y croit, pour peu, affirme-t-il, que les institutions de l’État, et en premier lieu la Commission électorale et la Cour constitutionnelle, s’en tiennent à leur rôle constitutionnel. En d’autres termes, il ne faudrait pas que ces institutions s’immiscent dans le jeu politique en soutenant un des candidats. Celui qui est adoubé par le Président sortant, particulièrement.

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Près 7,5 millions de citoyens seront appelés aux urnes, à ce scrutin présidentiel, le dernier en Afrique de l’Ouest en cette année 2020. En octobre, la Guinée et la Côte d’Ivoire ont connu des élections qui se sont déroulées dans un contexte dramatique, avec notamment la mort de plusieurs dizaines de personnes.

Dès lors, l’élection présidentielle à venir au Niger, soutient Félix Kokou Aklavon, «va contredire toutes les tendances des derniers scrutins présidentiels en Afrique de l’Ouest où la démocratie a été mise à rude épreuve».

Pourtant, le Président nigérien lui-même revient de loin. Celui qui est cité aujourd’hui comme un démocrate n’a pas été exempt de tout reproche lors de sa réélection en février-mars 2016. En témoignent un rival emprisonné, un scrutin boycotté et des résultats contestés.

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