Accord de libre-échange Rabat-Ankara: une «révision ou la suspension par le Maroc»

Depuis la signature de l’Accord de libre-échange avec la Turquie, le nombre d’emplois détruits dans le secteur du textile au Maroc est passé de 14.000 en 2014, à 44.000 en 2019, sans compter les 2 milliards de dollars perdus chaque année, note le ministre de l’Industrie, pour qui «deux solutions se profilent: la révision ou la suspension de l’ALE».
Sputnik

Lors d’une intervention lundi 10 février à la Chambre des représentants (chambre basse du Parlement marocain), le ministre de l’Industrie et du Commerce Moulay Hafid Elalamy a expliqué, chiffres à l’appui, les raisons qui ont poussé le royaume chérifien à exiger la révision de l’Accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie, rapporte le site d’information Yabiladi. Il a par ailleurs nuancé les résultats enregistrés dans le cadre d’autres ALE, notamment ceux signés avec l’Union européenne et les États-Unis, également déficitaires, précise la même source.

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Ainsi, le responsable a affirmé que rien que dans le domaine du textile, des dizaines de milliers d’emplois ont été détruits au Maroc en raison des importations en provenance de la Turquie. Il a pointé que le nombre d’emplois perdus est passé de 14.000 en 2014, à 44.000 en 2019, et ceci en plus des deux milliards de dollars que perd annuellement la Maroc dans le cadre de cet accord. Les investissements turcs au Maroc sont également en deçà de ceux réalisés dans d’autres pays du Maghreb, notamment en Algérie.

«Il s’avère à la lumière de ces chiffres que nous avons un problème avec la Turquie», constate le ministre qui ajoute que «faute de compromis, deux solutions se profilent: la révision ou la suspension par le Maroc de l’ALE».

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Dans ce contexte, M.Elalamy a rappelé que lors de sa «première rencontre avec la ministre du Commerce turque [fin novembre à Ankara, ndlr], les Turcs ont rejeté toute demande de révision de l’accord». «Une position qu’ils ont réitérée à Rabat», le 15 janvier lors du Forum d’affaires entre les deux pays, a-t-il encore annoncé.

Moulay Hafid Elalamy a déclaré devant les élus du peuple que la réunion mixte qui était prévue le 30 janvier pour examiner l’ALE à la lumière des doléances présentées par son ministère avait été reportée à la demande de la partie turque, et d’indiquer que «le 6 février, ils [les Turcs, ndlr] nous ont informé dans un mail de leur disposition aux négociations».

Quelle différence entre les ALE signés avec l’UE et les États-Unis?

Le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce a révélé aux députés les raisons économiques qui ont poussé son ministère à ne pas demander la révision des Accords de libre-échange conclus avec l’UE et les États-Unis, et ce malgré les déficits qu’ils enregistrent à l’image de celui signé avec la Turquie.

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En effet, le responsable a indiqué que le déficit annuel avec l’UE oscillait entre 75 à 78 milliards de dirhams (7 à 7,5 milliards d’euros). Par ailleurs, il a précisé que 71% des investissements étrangers au Maroc sont européens, en plus du fait que l’UE a accordé 1,4 milliard d’euros d’aides à Rabat pour la période 2014-2020, rendant ainsi l’ALE avec l’Union européenne équilibré, selon lui.

Pour ce qui est de l’Accord de libre-échange avec les États-Unis, Moulay Hafid Elalamy a informé que le déficit s’élevait à 20 milliards de dirhams (1,9 milliards d’euros) par an, précisant par ailleurs que les investissements américains au Maroc représentaient 6% du total des investissements directs étrangers.

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