«La marche a été arbitrairement réprimée par la violence, c’est un scandale. Il faut le dénoncer, tout comme les velléités d’empêchement d’exercice de leurs droits constitutionnels à manifester pacifiquement par les Camerounais. On s’est déployé notamment à Yaoundé [capitale du Cameroun, dans le sud du pays, ndlr], à Nkongsamba, à Douala, à Bagangté, à Bafoussam [quatre localités de l’ouest du pays, ndlr], etc. L’exemplarité des marcheurs faisait l’unanimité. Et donc, à la surprise générale, c’est la répression et la violence sauvage qui ont été opposées dans la plupart des cas aux marcheurs. C’est le cas à Douala et à Yaoundé»,
relate Olivier Bibou Nissack, porte-parole de Maurice Kamto, joint au téléphone par Sputnik, avant de poursuivre:
«Dans les autres régions, nous sommes encore en train de pointer les différentes informations relatives à la marche, notamment à l’ouest. Nous ne voulons pas faire d’affirmations fallacieuses. Il y a eu des répressions sauvages et violentes perpétrées par des forces de police et de gendarmerie, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, de jets d’eau et qui ont violenté physiquement les marcheurs. Nous avons d’ailleurs des cas de blessés graves. En me fondant sur le pointage effectué par les équipes de défenses, les avocats ont dénombré 350 personnes minimum arrêtées sur l’ensemble du théâtre de la marche blanche du 1er juin.»
«Mamadou Mota a été déplacé dans un lieu inconnu. Nous avons également l’un des conseillers spéciaux, Biloa Effa, qui est un chef coutumier très important de la région du Centre Cameroun, détenu dans des conditions alarmantes au Commissariat central No 1 de Yaoundé, tout comme le responsable régional du parti dans le Sud, le Dr Apollinaire Oko. Il y a en outre plusieurs autres cadres arrêtés», poursuit le porte-parole de Maurice Kamto.
En prison depuis la fin janvier Maurice Kamto maintient la pression sur les autorités de Yaoundé. Cet opposant de Paul Biya, qui avait proclamé sa victoire dès le lendemain de la présidentielle, ainsi que ses partisans ont démarré depuis le vendredi 26 octobre 2018 une série de manifestations au Cameroun et à l’étranger pour dire non à ce qu’ils appellent «hold-up électoral».
Leurs avocats ont saisi début avril l’Onu, dénonçant leur incarcération «arbitraire». Début mars, l’Union européenne, puis l’Onu et les États-Unis s’étaient tour à tour interrogés sur le bien-fondé de la procédure contre M. Kamto. Longtemps silencieuse, la France s’est dite récemment très «préoccupée» par la situation de Maurice Kamto.
«Nous souhaitons que cette figure importante du Cameroun puisse être libérée», a déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, mercredi 29 mai devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
«Nous faisons pression régulièrement, fortement, y compris le Président de la République qui a appelé le président Paul Biya à trouver des solutions.»
«Ce que le MRC fera restera en cohérence avec ce qu’il a toujours fait. La constance qui se dégage de l’attitude du MRC depuis le début du Plan national de défense pacifique est fondée sur un triptyque: la non-violence, la légalité, et la constitutionnalité des actions du parti […] le MRC restera fidèle à cette pédagogie pour les échéances à venir, notamment à commencer par les manifestations prévues le 8 juin prochain», conclut Olivier Bibou Nissack au micro de Sputnik.