Les «riches» sont-ils bien de retour, comme BFMTV nous l'expliquait quatre mois après l'élection d'Emmanuel Macron? Ils auraient en effet été 3.000 millionnaires à avoir quitté la France en 2018, selon le dernier rapport du cabinet sud-africain New World Wealth (NWWealth), rédigé avec le soutien de AfrAsia Bank, sur la migration des richesses. Un «millionnaire», ou high-net-worth individual (HNWI), étant un individu possédant un capital net d'au moins un million de dollars, résidence principale non comprise.
Une diminution des départs certes, mais la tendance reste à la fuite des «riches». Une fuite constante d'importants contribuables corroborée par un rapport du Fisc au Parlement, dont nos confrères des Échos ont eu copie.
Comme l'estime le cabinet sud-africain, l'impact des millionnaires sur l'emploi, l'innovation, les recettes fiscales —et globalement la résilience d'une économie nationale- font de leur départ un mauvais signal. «Les millionnaires sont souvent les premiers à partir», ceux-ci ayant «les moyens de partir, contrairement aux citoyens des classes moyennes», rappelait ainsi l'auteur d'un précédent rapport, qui souligne que les millionnaires sont généralement des individus «hautement qualifiés et instruits. Beaucoup sont aussi des innovateurs,» ou encore que «30 à 40% des millionnaires sont des propriétaires d'entreprises.»
Principales raisons du succès de l'île-continent, l'usage de l'anglais, l'attrait de son système éducatif, la performance de son économie et de son système de santé, ainsi que son faible taux de criminalité. Système de santé et taux de criminalité, deux critères qui, avec l'absence d'impôts sur les successions, permettent à l'Australie de prendre le dessus sur les États-Unis dans le classement des destinations les plus prisées des migrants fortunés, selon NWWealth.
En effet, les principales raisons avancées pour expliquer les départs ne sont pas toujours d'ordre purement fiscal. Dans le cas de la France et du Royaume-Uni, le poids «très élevé» des impôts sur les successions est certes central selon NWWealth en 2018, mais notons qu'en 2015, le cabinet de conseil évoquait dans son rapport «l'augmentation des tensions religieuses et le manque d'opportunités» comme l'une des raisons «notables» de l'exode des Parisiens fortunés (solde négatif de 7.000 sur un an).
On note qu'aucune destination européenne ne figure dans le classement du New World Wealth, qui relève des taux de croissance de la richesse des pays de la zone à un chiffre, voire négatifs. La France, avec —7% de croissance de richesse sur 10 ans (2008-2018), tombe d'ailleurs de la 7e à la 9e place du top 10 dressé par le cabinet sud-africain, juste devant l'Italie (-14%). L'Australie et le Canada, avec respectivement 48% et 23% de croissance de leur richesse sur la même période, prennent donc pour la première fois l'ascendant sur la France.
En somme, la Chine apparaît comme une fabrique de millionnaires alors que la population française semble de son côté inexorablement se paupériser, peu importe les tendances de l'économie mondiale.
Au-delà de ce tableau, la France est absente du classement (top-20) des marchés de la richesse les plus performants et figure dans ceux des «marchés de la richesse les moins performants», tant pour la période 2017-2018 que 2008-2018. Avec respectivement —12% et —7% de croissance de sa richesse sur ces deux périodes, la France s'offre ainsi le luxe de côtoyer la Turquie, la Russie (sous sanctions occidentales depuis cinq ans), l'Ukraine ou encore le Venezuela.
Survolé par le Japon —autre pays de l'OCDE ayant la main lourde sur les prélèvements obligatoires, bien que les recettes fiscales ne représentent «que» 30% de son PIB contrairement au 46,2% pour la France- on retrouve également dans ce classement le Danemark, la Suède ou encore l'Allemagne, des pays qui figurent également en bonne place dans le classement de l'OCDE pour leur fort ratio impôts/PIB. Un classement de l'organisation internationale où la France apparaît en bonne championne du monde.