Le Président français aurait annulé sa participation à la Conférence sur la sécurité de Munich, a affirmé ce jeudi le Süddeutsche Zeitung, se référant à ses propres sources. L'Élysée a avancé par la suite que le chef de l'État ne se rendrait pas mi-février à la Conférence et ne ferait pas non plus de déplacements internationaux jusqu'à la mi-mars, pour se consacrer au grand débat en France, a annoncé l'AFP.
Toutefois, indique le journal allemand, cette annonce surprise renforce l'impression que les relations franco-allemandes sont loin d'être au beau fixe et cette annulation s'inscrit dans le droit-fil d'une série de différends franco-allemands, malgré la récente signature d'un nouveau traité d'amitié entre les deux pays. Paris et Berlin n'ont pas réussi à s'entendre sur des réformes en profondeur de la zone euro et le gouvernement allemand a bloqué la taxation du chiffre d'affaires des géants du numérique souhaitée par Emmanuel Macron.
En effet, alors que l'Allemagne a rejeté, selon le journal russe Vedomosti, les amendements à la directive européenne sur le gaz, Paris leur a apporté son soutien ce jeudi après-midi.
«La révision de la directive gaz a pour but d'appliquer les règles du troisième paquet énergie à tous les gazoducs avec les pays tiers entrant sur le territoire européen. La directive révisée s'appliquerait au projet Nord Stream 2», a indiqué un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse.
Toutefois, ajoute le Süddeutsche Zeitung, Angela Merkel a souligné qu'il n'y avait rien de nouveau dans les opinions au sujet de Nord Stream 2, qui ont toujours été différentes.
L'Élysée aurait déclaré pour sa part que la décision sur la non-participation d'Emmanuel Macron était sans rapport avec le différend sur le pipeline, a ajouté le journal allemand. L'annulation de la visite a d'ailleurs été annoncée aux organisateurs de la Conférence dès le 1er février, a noté un porte-parole du forum cité par l'agence dpa.
Nord Stream 2, reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique, devrait être mis en service d'ici fin 2019. Les États-Unis s'y opposent énergiquement, bien que la Russie ait déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait d'un gazoduc absolument commercial et qu'il ne signifiait pas pour autant l'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine.