Rabat: la demande algérienne sur l’Union arabe est «sans rapport avec l’initiative Royale»

L’initiative algérienne de dialogue dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe (UMA) n’est pas une réponse à la demande du roi Mohammed VI de contacts bilatéraux «francs et directs», qui sont la condition préalable à la construction de l’UMA, a indiqué le 26 novembre un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
Sputnik

La réponse des autorités algériennes à l'appel du roi Mohammed VI à l'ouverture d'un dialogue «franc et direct», qui préfèrent des pourparlers dans un cadre maghrébin et au sein des institutions de l'Union du Maghreb arabe (UMA), n'a pas convaincu Rabat. C'est ce qui ressort du communiqué publié le 26 novembre par le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale à l'issue d'une rencontre à Rabat entre Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, et l'ambassadeur d'Algérie au Maroc.

«La demande algérienne est sans rapport avec l'initiative Royale», a affirmé le communiqué. «Celle-ci est purement bilatérale, alors que la démarche algérienne s'inscrit dans le cadre de la relance de la construction régionale», a-t-il encore souligné.

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N'en démordant pas quant à la politique de la main tendue de Mohammed VI envers l'Algérie dans un cadre strictement bilatéral, pour aplanir les différents problèmes entre les deux pays et relancer les relations sur des bases plus saines, le même communiqué a réaffirmé que «le Maroc réitère sa demande aux autorités algériennes de faire connaitre, officiellement, leur réaction à l'endroit de l'initiative Royale pour l'établissement d'un mécanisme politique bilatéral de dialogue et de concertation». «Le Maroc ne peut que regretter que cette invitation n'ait pas encore connu la réaction escomptée, alors qu'elle a toujours été demandée par l'Algérie elle-même», a-t-il ajouté en précisant que «malgré ce constat, le Royaume reste ouvert et optimiste quant au futur des relations entre les deux pays frères».

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S'exprimant sur la relance de la construction de l'Union du Maghreb arabe évoquée dans la proposition des autorités algériennes, le ministère marocain des Affaires étrangères a indiqué dans son communiqué que «le Maroc n'[avait] pas d'objection de principe quant à la tenue d'une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA». «Néanmoins, le Maroc ne peut que douter que cette 35e réunion ministérielle puisse parvenir à des résultats tangibles, différents des 34 précédentes, en l'absence d'une bonne préparation et d'un dialogue direct responsable entre deux États membres [l'Algérie et le Maroc, ndlr] de l'UMA», a-t-il encore soutenu.

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En conclusion, évoquant, selon lui, les obstacles qui continuent de bloquer la construction du l'UMA au détriment des intérêts communs des pays et des peuples du Maghreb, le communiqué du ministère marocain a mis encore une fois l'accent sur le fait que «l'état de léthargie que connait l'UMA, depuis des années, est essentiellement dû à la nature anormale des relations maroco-algériennes, lesquelles ne peuvent être traitées que dans le cadre d'un dialogue bilatéral, direct et sans intermédiaires».

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À l'appel du roi Mohammed VI à l'ouverture d'un dialogue «franc et direct», Alger a choisi de répondre par l'affirmative mais dans le cadre d'un dialogue maghrébin et au sein des institutions de l'Union du Maghreb arabe. C'est ce qui transparaît du communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères rendu public ce 22 novembre. Il est jugé par les journaux locaux comme la réplique apportée par les autorités algériennes à l'initiative du souverain marocain. Exprimant l'intention de l'État algérien par cet appel à la réunion des ministres de l'UMA, la publication insiste sur le fait que «cette initiative s'inscrit dans la droite ligne de la conviction, intime et maintes fois exprimée par l'Algérie, de la nécessité de la relance de l'édification de l'ensemble maghrébin et de la réactivation de ses instances».

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Pour rappel, le 6 novembre, à l'occasion du 43e anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI avait proposé, dans son discours à la Nation, aux autorités algériennes de relancer les relations bilatérales en créant un «mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation» destiné à permettre de régler les différends entre les deux pays. Il avait notamment évoqué la réouverture de la frontière entre les deux pays, fermée depuis 1994. Les autorités algériennes n'ont pas encore réagi officiellement à la proposition marocaine.

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