À quoi ressemblait le torse de l'homme de Néandertal?

Il s'avère que l'homme de Néandertal n'était pas un «macho» trapu et courbé au torse gonflé, mais qu'il avait une bonne posture et de très bons poumons, ce qui entre en contradiction avec la vision que l'on se faisait jusqu'à présent de l'«homme des cavernes». Une équipe de chercheurs a reconstitué la cage thoracique de Néandertal.
Sputnik

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«La forme du torse est cruciale pour comprendre comment se déplaçait l'homme de Néandertal car elle impacte directement le bon fonctionnement de ses poumons et le maintien de son corps en équilibre. L'homme de Néandertal nous ressemble beaucoup sur le plan culturel, mais son aspect était nettement différent. C'est pourquoi la compréhension de la nature de ces différences est primordiale pour nous», a déclaré Patricia Kramer de l'université de Washington à Seattle (USA) faisant partie de l'équipe de chercheurs qui ont décrit ses résultats dans le magazine Nature Communications.

Sortir de la caverne

Pendant assez longtemps, les anthropologues et les paléontologues pensaient que l'homme de Néandertal, «cousin» européen de nos ancêtres, nous était nettement inférieur en termes de développement culturel — qu'il n'aurait pas possédé l'art de la parole, de culture, de religion, ni le maniement du feu. Il s'avère que ces cinq dernières années, tous ces mythes ont été brisés par de nouvelles découvertes en Croatie, en Israël et en Espagne.

Par exemple, des chercheurs ont découvert récemment des colliers fabriqués par l'homme de Néandertal, différents spécimens de dessins sur roche néandertaliens, et révélé que cet homme préhistorique collectionnait des pierres, savait cuire des substances pour soigner des maladies, dessiner des tatouages abstraits, utiliser la «chimie» pour allumer un feu et pratiquait des rituels funéraires assez complexes.

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Tout cela vient s'ajouter aux nouvelles informations sur la structure du nez, l'appareil vocal et d'autres parties du corps importantes de l'homme de Néandertal, et pousse de nouveau les scientifiques à songer aux différences entre les anciens «aborigènes» d'Europe et les «migrants» du Cro-Magnon, et pourquoi ils ont disparu.

Patricia Kramer et ses collègues ont démystifié une autre idée reçue sur l'aspect de l'homme préhistorique en analysant les ossements de «Moïse» (Moshe), un néandertalien retrouvé dans la grotte de Kebara en Israël en 1983. Grâce aux conditions uniques de la sépulture, dont le cas suscite encore des débats parmi les anthropologues, son squelette est resté pratiquement intact. Sa découverte et l'analyse qui a suivi ont engendré de nombreuses discussions autour de l'anatomie de l'homme de Néandertal.

Le fait est que ce squelette possède une cage thoracique inhabituellement «étroite», qui ne ressemble pas au large thorax de ses «cousins» européens faisant penser à celui des champions de lutte ou d'autres disciplines de force.

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Certains anthropologues ont considéré cette découverte comme la preuve du fait que les ossements d'absolument tous les néandertaliens avaient été déformés ou partiellement écrasés lors de leur inhumation, ce qui empêcherait aujourd'hui de reconstituer leur aspect. D'autres chercheurs ont supposé que les hommes de Néandertal du nord et du sud pouvaient tout simplement être différents, parce que ces premiers vivaient dans des conditions climatiques très rudes.

Une respiration uniquement diaphragmatique

Des anthropologues américains ont tenté de résoudre une partie de ces litiges en créant une copie virtuelle du squelette de «Moïse» et en l'utilisant pour reconstituer la structure de ses poumons, de son torse et de son corps dans l'ensemble.

En scannant chaque os à l'aide d'un scanner 3D, les spécialistes ont comparé l'image aux parties du corps de l'homme contemporain — y compris le tissu mou environnant. Ces données ont été utilisées par Patricia Kramer et son équipe pour les relier avant de reconstituer la chair sur le squelette virtuel de «Moïse» et d'obtenir un portrait véridique de cet homme de Néandertal.

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La reconstitution a révélé que l'homme de Néandertal avait effectivement un aspect différent de l'homme contemporain, mais pas comme le pensaient les chercheurs auparavant. En particulier, leur colonne vertébrale n'était pas courbée mais incurvée en direction du thorax, ce qui devait fournir à l'homme préhistorique une très bonne posture et stabilité lors de la marche et de la course.

De plus, la cage thoracique était plus étroite et compressée que celle de l'homme contemporain, et ne ressemblait pas du tout au «torse d'un lutteur» plat et uniformément large. Elle était comprimée au-dessus et élargie en bas, ce qui n'est pas du tout caractéristique de l'homme. Par ailleurs, cela témoigne d'un volume assez grand des poumons et d'une manière de respirer inhabituelle.

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«La large partie inférieure du thorax des néandertaliens, ainsi que la position horizontale de leurs côtes, indique qu'ils respiraient en utilisant uniquement le diaphragme — leur cage thoracique, contrairement à l'homme contemporain, ne se comprimait pas et ne s'élargissait pas en inspirant et en expirant. On ignore encore comment ils utilisaient leurs immenses poumons», précise Ella Been de l'université de Tel Aviv (Israël).

Il convient encore de découvrir la nature et le rôle de ces différences entre l'homme contemporain et l'homme de Néandertal dans l'évolution de notre espèce, conclut Patricia Kramer.

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