«Cet homme de Néandertal n'a pas seulement perdu une main: il boitait et avait d'autres traumatismes graves. Il était également sourd, ce qui devait faire de lui une proie facile pour les prédateurs qui régnaient à l'époque en Asie. Sa survie dépendait donc entièrement de la bonne foi de ses congénères. Tout cela montre que les notions d'humanisme étaient également propres aux hommes de Néandertal», a déclaré Erik Trinkaus de l'université Washington de St-Louis (USA).
Pendant longtemps, les anthropologues et les paléontologues pensaient que les hommes de Néandertal, «cousins» européens de nos ancêtres, étaient largement inférieurs à nous en matière de développement culturel et ne disposaient pas de langue, de culture, de religion ni même de l'aptitude à faire du feu. Mais les découvertes réalisées depuis cinq ans en Croatie, en Israël et en Espagne ont dissipé ces mythes.
Erik Trinkaus et ses collègues estiment avoir découvert une autre confirmation du fait que les hommes de Néandertal n'étaient pas des êtres idiots et insensibles, comme le pensaient les anthropologues du début du XXe siècle en étudiant les artefacts et les fossiles retrouvés dans la grotte de Shanidar au nord-ouest de l'Irak.
Cette grotte a été découverte en 1957 et, depuis, les chercheurs y ont trouvé des ossements d'hommes de Néandertal et de nombreux outils de travail de l'Aurignacien appartenant supposément aux premiers hommes de l'Eurasie, ainsi que de nombreuses traces de séjour de ces hommes préhistoriques.
Les anthropologues avaient déjà découvert auparavant des traces de différences blessures mais, indique Erik Trinkaus, personne n'avait essayé de comprendre comment avait changé la vie des hommes de Néandertal ou Cro-Magnon après avoir subi une attaque ou un accident.
En l'occurrence, l'analyse effectuée par l'expert et ses collègues a révélé que nous avions affaire à une véritable personne handicapée de l'Âge de pierre. Après avoir survécu à une attaque, l'individu en question a perdu sa main droite, a reçu un puissant coup à la partie supérieure du visage qui a brouillé sa vue, l'a privé d'ouïe, et l'a fait boiter sur la jambe droite.
La présence de tels traumatismes et l'âge relativement avancé de cet homme de Néandertal, selon les chercheurs, prouve clairement que les hommes préhistoriques prenaient soin de leurs congénères âgés et infirmes même si ces derniers n'étaient pas utiles à la survie de leur groupe et constituaient même un fardeau.