Sortir de la caverne
Pendant assez longtemps, les anthropologues et les paléontologues pensaient que l'homme de Néandertal, «cousin» européen de nos ancêtres, nous était nettement inférieur en termes de développement culturel — qu'il n'aurait pas possédé l'art de la parole, de culture, de religion, ni le maniement du feu. Il s'avère que ces cinq dernières années, tous ces mythes ont été brisés par de nouvelles découvertes en Croatie, en Israël et en Espagne.
Par exemple, des chercheurs ont découvert récemment des colliers fabriqués par l'homme de Néandertal, différents spécimens de dessins sur roche néandertaliens, et révélé que cet homme préhistorique collectionnait des pierres, savait cuire des substances pour soigner des maladies, dessiner des tatouages abstraits, utiliser la «chimie» pour allumer un feu et pratiquait des rituels funéraires assez complexes.
Patricia Kramer et ses collègues ont démystifié une autre idée reçue sur l'aspect de l'homme préhistorique en analysant les ossements de «Moïse» (Moshe), un néandertalien retrouvé dans la grotte de Kebara en Israël en 1983. Grâce aux conditions uniques de la sépulture, dont le cas suscite encore des débats parmi les anthropologues, son squelette est resté pratiquement intact. Sa découverte et l'analyse qui a suivi ont engendré de nombreuses discussions autour de l'anatomie de l'homme de Néandertal.
Le fait est que ce squelette possède une cage thoracique inhabituellement «étroite», qui ne ressemble pas au large thorax de ses «cousins» européens faisant penser à celui des champions de lutte ou d'autres disciplines de force.
Une respiration uniquement diaphragmatique
Des anthropologues américains ont tenté de résoudre une partie de ces litiges en créant une copie virtuelle du squelette de «Moïse» et en l'utilisant pour reconstituer la structure de ses poumons, de son torse et de son corps dans l'ensemble.
En scannant chaque os à l'aide d'un scanner 3D, les spécialistes ont comparé l'image aux parties du corps de l'homme contemporain — y compris le tissu mou environnant. Ces données ont été utilisées par Patricia Kramer et son équipe pour les relier avant de reconstituer la chair sur le squelette virtuel de «Moïse» et d'obtenir un portrait véridique de cet homme de Néandertal.
De plus, la cage thoracique était plus étroite et compressée que celle de l'homme contemporain, et ne ressemblait pas du tout au «torse d'un lutteur» plat et uniformément large. Elle était comprimée au-dessus et élargie en bas, ce qui n'est pas du tout caractéristique de l'homme. Par ailleurs, cela témoigne d'un volume assez grand des poumons et d'une manière de respirer inhabituelle.
Il convient encore de découvrir la nature et le rôle de ces différences entre l'homme contemporain et l'homme de Néandertal dans l'évolution de notre espèce, conclut Patricia Kramer.