Une nouvelle Jungle voit-elle le jour en plein centre de Nantes? Établies square Daviais, les conditions de vie sur ce campement de fortune sont jugées «complètement indignes» par des associatifs, qui ont décidé de saisir la justice.
«J'ai été sur le camp et j'ai été très choquée», raconte l'avocate Me Amandine Le Roy, qui porte ce recours avec Me Stéphanie Rodrigues-Devesas, citée par Presse Océan.
«Il suffit de sentir les odeurs. Ces personnes n'ont pas la possibilité, la nuit, d'aller jusqu'aux sanitaires installés quai Baco. Ils ont installé des bottes de paille pour uriner et essayer de limiter les nuisances. Il y a aussi un gros problème de manque d'accès à l'eau…», poursuit-elle.
En juillet, le square Daviais avait été évacué sur ordre de la Préfecture, mais une partie de ses occupants y étaient finalement revenus après s'est fait expulser d'un lycée où ils avaient trouvé refuge. À ce moment-là, 255 demandeurs d'asile avaient été recensés, 85 primo-demandeurs, 85 «dublinés» (qui ont déposé une demande d'asile dans un autre pays de l'UE) et 10 qui ont obtenu leur statut de réfugiés. La mairie avait alors ouvert temporairement 90 places dans un gymnase pour accueillir les plus faibles.
«Nantes, comme toutes les métropoles, est confrontée à la problématique humanitaire lourde de la gestion de l'accueil des personnes migrantes», fait savoir la maire PS Johanna Rolland dans une lettre adressée au Premier ministre Edouard Philippe, restée à ce jour sans réponse, taclant au passage «la politique d'asile», «manifestement à bout de souffle en France».
«La Ville de Nantes, aux côtés des acteurs associatifs, se mobilise bien au-delà de ses propres compétences. Il appartient à l'État de mettre en place une coordination pour permettre un accueil digne des populations et de trouver et concrétiser, en responsabilité, des solutions.»
Pour elles, l'État a fait son devoir («en Pays de la Loire, le nombre de places du dispositif national d'accueil, qui inclut les CADA, a augmenté en trois ans de plus de 87%. Nous parlons donc d'un peu plus de 2.300 places supplémentaires»), et évoque plutôt un problème de saturation:
«Actuellement, le problème réside dans la saturation du dispositif national d'accueil existant, qui est normalement destiné aux seuls demandeurs d'asile. Les personnes ayant obtenu le statut de réfugié, n'ayant théoriquement plus vocation à rester dans ce dispositif, devraient intégrer des logements de droit commun. Nous nous sommes assurées de la mobilisation des services de la préfecture pour recréer du flux et libérer des places en CADA en accédant à des logements dans le parc immobilier public et privé.»
Pour aller dans la voie du désengorgement, la députée a organisé vendredi 14 septembre une table ronde autour de l'intégration des migrants par le travail, conviant une quarantaine d'acteurs différents, associations, établissements, entreprises, dans le but de «fluidifier» la recherche d'emploi des demandeurs d'asile, autorisé à travailler six mois après le dépôt de leur demande d'asile.
«Je dis qu'ils sont 500, il y a 200 communes en Loire-Atlantique. On en met deux dans chaque commune, on a réglé le problème!» explique son directeur Pierre Gressant, qui a déjà reçu une dizaine de réponses positives.
Quant à la requête en urgence lancée par les quatre associations nantaises, appelée référé-liberté, elle sera examinée mercredi matin devant le tribunal administratif. Une première réponse devrait être apportée dans les 48 heures qui suivent.