Quel avenir pour les migrants de la «jungle» de Nantes?

© AFP 2023 SEBASTIEN SALOM GOMISMigrants and refugees sit at Daviais square in Nantes, western France, after being evacuated from a deserted school by the police, on August 2, 2018.
Migrants and refugees sit at Daviais square in Nantes, western France, after being evacuated from a deserted school by the police, on August 2, 2018. - Sputnik Afrique
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Quatre associations nantaises assignent les autorités en justice afin de garantir un hébergement digne pour les quelque 500 migrants installés dans le campement du square Daviais, au cœur de Nantes. La responsabilité de leurs sorts divise les élus.

Une nouvelle Jungle voit-elle le jour en plein centre de Nantes? Établies square Daviais, les conditions de vie sur ce campement de fortune sont jugées «complètement indignes» par des associatifs, qui ont décidé de saisir la justice.

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Les associations nantaises La Cimade, la Ligue des droits de l'Homme, Le Mrap et l'Association de soutien au collectif enfants étrangers, ainsi qu'une dizaine de migrants, ont déposé vendredi un recours devant la justice administrative afin que trouver une solution d'hébergement à ces quelques 500 migrants qui s'entassent dans des tentes depuis des mois:

«J'ai été sur le camp et j'ai été très choquée», raconte l'avocate Me Amandine Le Roy, qui porte ce recours avec Me Stéphanie Rodrigues-Devesas, citée par Presse Océan.

«Il suffit de sentir les odeurs. Ces personnes n'ont pas la possibilité, la nuit, d'aller jusqu'aux sanitaires installés quai Baco. Ils ont installé des bottes de paille pour uriner et essayer de limiter les nuisances. Il y a aussi un gros problème de manque d'accès à l'eau…», poursuit-elle.

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Depuis le mois d'août, le centre-ville de Nantes abrite un bidonville à ciel ouvert où, promiscuité et insalubrité obligent, une rixe a éclaté le mois dernier. «Le département de Loire-Atlantique, et Nantes en particulier, sont confrontés à "une évolution significative des flux depuis fin février", selon les autorités. Les demandes d'asile ont ainsi augmenté de 28% en un an, là où d'autres grandes villes ont enregistré des baisses», écrivait en juin dernier France3, qui comptait alors 200 personnes et estimait à 10 ou 20 le nombre de primo-arrivants (migrants qui sont arrivés directement en France) par jour.

En juillet, le square Daviais avait été évacué sur ordre de la Préfecture, mais une partie de ses occupants y étaient finalement revenus après s'est fait expulser d'un lycée où ils avaient trouvé refuge. À ce moment-là, 255 demandeurs d'asile avaient été recensés, 85 primo-demandeurs, 85 «dublinés» (qui ont déposé une demande d'asile dans un autre pays de l'UE) et 10 qui ont obtenu leur statut de réfugiés. La mairie avait alors ouvert temporairement 90 places dans un gymnase pour accueillir les plus faibles.

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Ces derniers mois, les migrants auront connu une succession d'expulsions (l'ancienne maison de retraite Brea, l'École des Beaux-Arts, le campus du Tertre, le bâtiment Cap 44…), sans qu'aucune solution pérenne n'ait été proposée. La maire a donc décidé de faire réagir l'État.

«Nantes, comme toutes les métropoles, est confrontée à la problématique humanitaire lourde de la gestion de l'accueil des personnes migrantes», fait savoir la maire PS Johanna Rolland dans une lettre adressée au Premier ministre Edouard Philippe, restée à ce jour sans réponse, taclant au passage «la politique d'asile», «manifestement à bout de souffle en France».

«La Ville de Nantes, aux côtés des acteurs associatifs, se mobilise bien au-delà de ses propres compétences. Il appartient à l'État de mettre en place une coordination pour permettre un accueil digne des populations et de trouver et concrétiser, en responsabilité, des solutions.»

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L'opposition entre plusieurs élus sur la manière de gérer ce dossier n'arrange rien aux tensions. Alors que le maire de Nantes demande la création de places en Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA), deux députées LREM contestent cette logique: «Affirmer que des places d'hébergements supplémentaires constitueraient LA solution à cette crise est faux», avancent les députées Valérie Oppelt et Aude Amado dans un communiqué.

Pour elles, l'État a fait son devoir («en Pays de la Loire, le nombre de places du dispositif national d'accueil, qui inclut les CADA, a augmenté en trois ans de plus de 87%. Nous parlons donc d'un peu plus de 2.300 places supplémentaires»), et évoque plutôt un problème de saturation:

«Actuellement, le problème réside dans la saturation du dispositif national d'accueil existant, qui est normalement destiné aux seuls demandeurs d'asile. Les personnes ayant obtenu le statut de réfugié, n'ayant théoriquement plus vocation à rester dans ce dispositif, devraient intégrer des logements de droit commun. Nous nous sommes assurées de la mobilisation des services de la préfecture pour recréer du flux et libérer des places en CADA en accédant à des logements dans le parc immobilier public et privé.»

Pour aller dans la voie du désengorgement, la députée a organisé vendredi 14 septembre une table ronde autour de l'intégration des migrants par le travail, conviant une quarantaine d'acteurs différents, associations, établissements, entreprises, dans le but de «fluidifier» la recherche d'emploi des demandeurs d'asile, autorisé à travailler six mois après le dépôt de leur demande d'asile.

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Vendredi également, Rassemblement Territoire 44, une association «d'élus, de maires, d'adjoints, de conseillers municipaux de la majorité ou de l'opposition», a lancé un appel aux maires de Loire-Atlantique pour les inciter à accueillir «des personnes disposant de droits», afin de libérer des places dans les CADA.

«Je dis qu'ils sont 500, il y a 200 communes en Loire-Atlantique. On en met deux dans chaque commune, on a réglé le problème!» explique son directeur Pierre Gressant, qui a déjà reçu une dizaine de réponses positives.

Quant à la requête en urgence lancée par les quatre associations nantaises, appelée référé-liberté, elle sera examinée mercredi matin devant le tribunal administratif. Une première réponse devrait être apportée dans les 48 heures qui suivent.

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