Pour Alexeï Tarkhanov, correspondant du journal russe à Paris, la première interview du ministre et les premiers éléments du programme de lutte contre l'immigration clandestine montrent que «les problèmes intérieurs de la France ne pourront être réglés qu'au niveau international». Selon le quotidien Kommersant.
Il a été suggéré de réduire le temps de traitement de la demande d'asile de 8 à 6 mois, ce qui est d'autant plus important que pendant cette période, les migrants peuvent vivent légalement en France. Les aides qu'ils touchent sont minimes, ils sont logés en groupes mais beaucoup d'entre eux sont prêts à vivre dans ces conditions non seulement des mois, mais aussi des années. La bureaucratie française ne brille pas par sa rapidité même dans des cas plus simples, et en l'occurrence il est proposé d'étudier la situation de personnes qui arrivent souvent sans passeport ou avec de faux documents d'identité. D'autant que ces chiffres ne prennent en compte que les migrants enregistrés. Le nombre de sans-papiers se trouvant en France est évalué uniquement en fonction du nombre de demandes d'aide médicale — les données datant de deux ans faisaient déjà état de 300.000 personnes dans cette situation.
D'ici 2019, on compte augmenter le nombre de places d'accueil jusqu'à 12.000 mais il est évident que cela ne suffira pas, surtout que des ressortissants de pays d'Europe continentale se joignent aux réfugiés venant des points chauds sur le continent africain: d'après Gérard Collomb, près de 20% des demandeurs d'asile dans les centres d'accueil sont des Albanais. Il a ainsi fallu s'entretenir avec le premier ministre albanais pour rendre difficile l'entrée sans visa des ressortissants de ce pays en France.
Ce qui a conduit à l'idée exprimée fin juillet par Emmanuel Macron: «Il faut créer en Libye des hotspots afin d'éviter aux gens de prendre des risques fous (en traversant la Méditerranée), alors qu'ils ne sont pas tous éligibles à l'asile.» Il ajoutait aussi qu'il avait l'intention de s'en occuper immédiatement «avec ou sans l'Europe». Des postes pour ces centres avancés sont prévus au sud de la Libye, au nord-est du Niger et au nord du Tchad. C'était précisément la solution proposée par Nicolas Sarkozy dans son livre de campagne Tout pour la France.
Macron ne peut pas suivre directement ce «conseil» de la droite car dans la France républicaine et tolérante, cela serait présenté comme une atteinte aux droits de l'homme des migrants. C'est pourquoi Gérard Collomb explique également cette décision en disant que, fatigués de la présence des migrants, les Français pourraient cesser d'apporter de l'aide à ceux qui en ont réellement besoin. «Si l'on ne fait pas la distinction entre le droit d'asile et les autres motifs de migration, ce sera le droit d'asile qui sera remis en question», affirme le ministre.
Le Drian, à la tête de l'armée, avait alors dû s'occuper de la situation intérieure en lançant des patrouilles partout en France dans le cadre de l'opération Sentinelle. A présent, en tant que ministre des Affaires étrangères, il doit à nouveau s'occuper des problèmes du ministère de l'Intérieur pour repousser avec Gérard Collomb la migration aussi loin que possible de la frontière nationale. Les problèmes de sécurité de la France ne peuvent être réglés qu'en lien avec les problèmes de sécurité de l'Afrique. Par conséquent, leur règlement ne dépend pas uniquement du ministre de l'Intérieur ou du président. On ignore même si une telle solution existe.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.